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le musée du Louvre, il en est un, selon nous, assez médiocre, inscrit sous le n° 50, qu’on rapporte à Mme de Longueville. Tous ces portraits sont à peu près du même temps, et lui donnent le même caractère de beauté, la puissance et l’ampleur des formes, le visage plus plein que dans Van Hull, un embonpoint mieux marqué. Il faut dire à l’honneur de Scudéry que les phrases de la dédicace du Grand Cyrus que nous avons citées peuvent servir de texte fidèle à la gravure qui les accompagne. Voilà bien ces blonds cheveux, ces yeux si doux, ce teint d’une blancheur éblouissante, j’ajoute et cet habillement gracieux et noble qui sied si bien à la beauté, comme l’habillement des femmes du XVIIIe siècle semble avoir été inventé pour la laideur honteuse d’elle-même.

Enfin le musée de Versailles[1] contient un autre portrait de Mme de Longueville de la main de Mignard. Otez les défauts bien connus du peintre, et vous reconnaissez aisément la noble dame dont l’image est en tête du Grand Cyrus. C’est bien Mme de Longueville dans sa belle maturité et l’opulence de ses charmes, avec ce grand air et l’aimable langueur que tout le monde lui attribue. Elle est assise tenant un bouquet de fleurs entre les mains, dans un riche costume de cour, et avec le collier de perles, à peu près à quarante ans, vers 1660, un peau après le billet de Mlle de Vandy[2].

En décrivant la personne de Mme de Longueville, nous nous trouvons presque avoir tracé le caractère de son esprit et de son ame.

Son esprit a reçu les hommages des connaisseurs les plus délicats. Nous avons vu que La Rochefoucauld, Retz et Mme de Motteville le louent à l’égal de sa beauté. Retz insiste particulièrement sur ce que cet esprit devait tout à la nature et presque rien à l’étude, son indolence l’éloignant de tout effort dans les choses ordinaires. « Mme de Longueville, dit-il, a naturellement bien du fonds d’esprit, mais elle en a encore plus le fin et le tour. Sa capacité, qui n’a pas été aidée par sa paresse, n’est pas allée jusqu’aux affaires, etc. » Et à propos de la langueur de ses manières : « Elle en avoit une même dans l’esprit qui avoit

  1. Galerie du bas, n° 2195.
  2. Il doit y avoir au château d’Eu, sous le n° 120, un portrait de Mme de Longueville, haut de 22 pouces, large de 18, qui provient de la vieille collection de Mademoiselle, duchesse de Montpensier. Voyez le tome VIIe de ses Mémoires, et l’ouvrage de M. Vatout intitulé : Catalogue historique et descriptif des tableaux appartenant à son altesse royale monseigneur le duc d’Orléans, 4 vol. in-8o, 1823. Il y a trop long-temps que nous avons vu ce portrait pour dire à quelle époque il représente Mme de Longueville, en quoi il se rapproche ou diffère des autres portraits qu’on a d’elle, et de quelle main il est. — Le père Lelong indique les portraits suivans de Mme de Longueville : 1° Van Hull ; 2° Poilly, in-fol. en Pallas ; nous n’avons pas trouvé ce portrait dans l’œuvre de Poilly au cabinet des estampes ; 3° Boissevin ; ce portrait aussi nous est inconnu ; de Moncornet ; 50 la collection d’Odieuvre.