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pour prendre congé les uns des autres les principaux membres de la majorité. Il a été décidé qu’on occuperait les vacances parlementaires à seconder, à développer dans les provinces le pétitionnement pour la révision. Les comités locaux recevront une impulsion plus vive de la présence des députés, et ceux-ci se retremperont à leur tour dans une fréquentation plus intime de leurs commettans. Déjà les conseils d’arrondissement formulent coup sur coup des vœux énergiques en faveur de la révision ; les démonstrations des conseils généraux seront certainement encore plus significatives : tout cela ne comptera-t-il donc pour rien au mois de novembre ? Nous le disons franchement, ce n’est pas sans quelque appréhension que nous voyons ainsi dériver de plus en plus vers la politique des corps représentatifs qui ont rendu de si grand ; services depuis vingt ans, en s’enfermant davantage dans les matières d’administration locale. Nous n’ignorons pas tout ce qu’il y. a d’objections contre cet empiétement des autorités particulières sur le gouvernement général de l’état ; mais nous sommes en des circonstances où l’on est encore heureux d’avoir à choisir un moindre mal entre beaucoup de pires, et ce n’est pas le fédéralisme que nous redoutons le plus aujourd’hui.

Nous avons quelque peine à passer de ces considérations, qui ne sont point toutes réjouissantes, au récit de la semaine de plaisir dont nous avons régalé nos voisins de la Tamise, en échange de leur hospitalité du Palais de cristal. Nous mentionnons donc seulement pour mémoire ces fêtes somptueuses de l’Hôtel-de-Ville, qui ont, pendant cinq jours, ébloui ou étourdi tout Paris. Le lord-maire et ses aldermen ont été tout de suite entourés d’une popularité merveilleuse dans la grande cité révolutionnaire. C’était un contraste piquant que ce magistrat féodal et cette obstinée corporation d’aristocrates salués par force bravos à leur passage en des lieux où s’élevaient naguère les barricades de la république démocratique et sociale. Le véritable monument de cette visite intéressante, c’est le discours de lord Granville, fils de l’ancien ambassadeur, vice-président de la commission royale près l’exposition universelle. On ne pouvait traduire avec plus d’esprit et de courtoisie l’heureuse impression qui résulte de cette rivalité pacifique des arts, à laquelle se bornent maintenant les deux peuples, et du fraternel échange de leurs bons procédés.

Les derniers jours de la session des chambres anglaises n’ont pas été beaucoup plus remplis que ne l’ont été chez nous les derniers jours de notre assemblée nationale. La chambre des lords a voté à la seconde lecture ce fameux bill des titres ecclésiastiques, dont l’enfantement et la longue élaboration représentent le plus gros de la besogne qui s’est faite dans le cours de l’année parlementaire. Les communes ont employé le temps qui leur restait encore à liquider, avec la précipitation d’une veille de départ, un arriéré d’affaires plus ou moins essentielles. Relevons cependant quelques points qui sont à noter dans l’histoire courante.

Ainsi l’on a demandé à la reine, par une adresse spéciale, de conserver jusqu’au 1er mai 1852 le palais de l’exposition, qui, pour la première fois est appelé, dans un document officiel comme dans la langue populaire, le Palais de cristal. Le système d’architecture aérienne de M. Paxton a obtenu, comme il le méritait, un vrai succès de vogue. Les architectes de profession n’ont toujours été aussi heureux en Angleterre. Les nouvelles chambres de Westminster