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s’est répandu avec une rapidité incroyable en France, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, et partout il a créé des institutions scientifiques, plus ou moins modifiées par la constitution et le caractère des sociétés. En France, où la force d’initiative de l’état est considérable, le Muséum d’histoire naturelle est sorti d’un décret de la convention nationale ; en Angleterre et en Belgique au contraire, où le pouvoir central n’intervient que dans les intérêts collectifs du pays, où l’initiative des mesures d’utilité locale appartient tout entière aux villes et aux particuliers, les jardins zoologiques ont été créés par des compagnies. Notre but serait de déterminer les résultats auxquels l’esprit d’association et de liberté, appliqué à la science, est parvenu en Belgique. Nous aurons à rechercher ensuite, en prenant le jardin zoologique d’Anvers pour principal exemple et pour point de départ, si les établissements de ce genre ne pourraient agrandir leur rayon d’utilité, en exerçant une influence non-seulement sur l’étude des animaux, mais encore sur les services que l’histoire naturelle peut rendre à l’économie politique.

I.

Il existe aujourd’hui dans le petit royaume de Belgique trois sociétés d’histoire naturelle.

D’autres ont parlé de la ville d’Anvers au point de vue monumental : nous ne dirons donc rien de la citadelle, ni de la cathédrale, ni du musée, ni de la bourse ; arrêtons-nous seulement au port. Ces navires qui battent de l’aile comme des oiseaux voyageurs, cette population hâlée de matelots qui parlent diverses langues, l’odeur exotique des bois, des épices et des autres marchandises qu’on décharge, la palpitation éternelle des cordages et des voiles qui apportent dans leurs plis un souffle des contrées lointaines, l’air vaillant de ces mâts qui ont vu des mers agitées et peu connues, ces vergues, délicats monuments de l’industrie nautique, ce beau fleuve, l’Escaut ! et derrière l’Escaut la mer, et derrière l’océan l’infini, c’est-à-dire l’Inde, la Chine, le Nouveau-Monde, l’Australie, les pays qu’on connaît et ceux qu’on n’a pas découverts encore : tel est Anvers ! On comprend tout de suite que la position de cette ville ait été favorable aux progrès de l’histoire naturelle. La connaissance des êtres vivants est intimement liée à la connaissance du globe terrestre : au moyen âge, quand il y avait une géographie fabuleuse, il y avait de même un règne animal fabuleux. D’après ces données, quiconque, le doigt sur la carte de la Belgique, chercherait le point sur lequel le premier jardin zoologique a dû se fonder ne manquerait pas de désigner ce