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port de mer, qui sert d’entrepôt aux richesses naturelles de toutes les parties du monde.

Le jardin zoologique d’Anvers est situé un peu en dehors de la ville et près de la station du chemin de fer. L’entrée n’a rien de remarquable : une avenue longue, sablée et bordée d’arbres, conduit à une plate-forme d’où la vue s’étend bientôt sur des feuillages, de l’eau et quelques accidents de terrain qui ne sont point sans grâce. L’été, c’est une jolie promenade, d’un dessin peu correct, mais qui ne manque ni de mouvement ni d’une certaine variété pittoresque. Les bâtiments qui méritent d’arrêter l’attention sont un musée d’histoire naturelle, construction magistrale et froide, un café dans le goût mauresque, et une charmante maison, en forme de chalet suisse, qui sert d’habitation au directeur. Le bâtiment principal contient une collection d’animaux empaillés qui, pour la plupart, ont vécu dans le jardin zoologique d’Anvers. Nous nommerions volontiers cette galerie les Champs-Elysées de l’établissement, car ces oiseaux et ces mammifères, quoique préparés avec art, ne sont plus que les ombres d’eux- mêmes. Le rez-de-chaussée de ce cabinet d’histoire naturelle est occupé par des loges de carnassiers vivants, entre lesquels nous avons noté un tigre, une tigresse, un lion du Sénégal, une panthère, un couguar du Paraguay et un guépard. L’avant-corps du bâtiment abrite les oiseaux des régions tropicales ; là jasent, sifflent, brillent et s’épanouissent au soleil du poêle la perruche jaune, la perruche ondulée de la Nouvelle-Hollande, l’ara bleu d’Amérique, l’ara maximilien, et quantité d’autres volatiles qui se recommandent par l’éclat de leur plumage. Dans un coin de cette salle, réservée aux oiseaux, repose engourdi, du 15 septembre au 15 mai, le crocodile. Au milieu du jardin, une maisonnette exposée au midi a reçu deux girafes, deux éléphants, et de nombreux antilopes du Sénégal. Les ruminants se promènent dans des parcs que limite un léger treillage ; nous avons remarqué parmi eux un bouc des Açores. Plusieurs cages logent une assez riche collection d’oiseaux de proie. Des volières construites avec goût sont habitées par la poule sultane du Sénégal, l’ibis sacré, l’ibis rouge du Brésil, le canard mandarin, le pigeon couronné, la demoiselle de Numidie, et quantité d’autres oiseaux exotiques. À côté d’eux se déploie une nappe d’eau dans laquelle nagent, barbotent, plongent et s’ébattent à l’envi tous les palmipèdes qui existent en Europe. Sous les arbustes, vous rencontrez sans ordre et à chaque pas des loges d’animaux plus ou moins élevés dans l’échelle des êtres. Voici le palais des singes : l’établissement possède un exemplaire du cynopithèque, singe très rare des îles Philippines. Plus loin, c’est la fosse aux ours. Le dimanche, quand il fait beau, les femmes d’Anvers, dont le pinceau de Rubens