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de savoir s’il est sage d’exposer les fresques à l’intempérie de nos climats. En Italie même, elles ont souvent péri, et les plus belles, celles des loges du Vatican, ont été un peu tardivement protégées par un vitrage, grâce à la sollicitude du pape régnant. A Munich, on n’en a pas moins persisté. Une assez belle salle de spectacle a sa façade en péristyle sur la grande place, et le fronton est orné d’un Apollon et du chœur des muses qui donnent un avant-goût d’un rideau de théâtre. A droite, sur la même place, une galerie à colonnes légères attire les yeux par des fonds de couleur rouge encadrés de bordures légères. Au centre de chaque panneau, des chevaux domptés par des hommes nus rappellent le goût de l’antiquité. On est assez étonné d’apprendre que le local orné avec cette élégance est tout simplement la poste. En face est le palais du roi. C’est une masse assez imposante, composée de deux parties : l’une, ancienne, le Königsbau, dont la façade est au nord et ne se fait remarquer que par des ornemens incrustés en bronze d’un assez bel effet; l’autre, nouvelle, ou le palais neuf, qui donne sur la place et passe pour une imitation du palais Pitti. Il lui ressemble, comme notre Luxembourg, par ses pierres taillées en caissons saillans; mais au Luxembourg cette disposition, purement décorative, ne sert qu’à parer la construction, tandis qu’au Pitti ce n’est qu’une continuation de l’architecture rustique de la base du palais. Le bâtiment s’élève en effet sur un large massif revêtu de murs en pierres énormes, polies à peu près dans les joints, mais dont la surface rugueuse est en saillie à peine dégrossie. On a dû continuer quelque chose de cela dans les murs d’élévation, et cet arrangement est bien en rapport avec le caractère de l’édifice, dont le principal mérite est dans sa masse. Le genre massif est le genre des palais florentins. Les premiers ont été des forteresses, et le palais Pitti a été construit pour en être une en même temps qu’un lieu de plaisance. Il n’en paraît que plus lourd, et ce n’est pas un chef-d’œuvre. On ne voit guère que rien pressât de l’imiter, et d’emprunter une disposition qui à Munich n’a point, comme on dit, de raison d’être. Dénué de l’énorme soubassement du palais de Florence, on ne sait pas pourquoi le Königsbau neuf est si fort, et je lui préfère notre Luxembourg, dont la réputation me paraît cependant exagérée.

L’intérieur mérite d’être visité, quoique malheureusement on n’en laisse plus voir qu’une partie. Cet ancien palais, qui n’est pas habité, conserve d’assez beaux restes de ce luxe d’ameublement plus que séculaire qui a repris faveur aujourd’hui. Dans le nouveau palais, on ne montre plus les appartemens d’habitation dont Kaulbach et Schwanthaler ont à l’envi dirigé la décoration. Chaque pièce est ornée d’une suite de peintures et de moulures dont les sujets sont