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les ressources disponibles. Ce n’est qu’à ce prix que les impatiences les plus légitimes peuvent recevoir une satisfaction exempte de retours et de mécomptes. Si l’on veut considérer à ce premier point de vue les agrandissemens résultant des traités de 1863, il faut se rappeler à quel degré d’avancement se trouvait avant cette année le réseau général. Reportons-nous donc à la fin de 1862. La totalité des voies ferrées alors décrétées embrassait une longueur de 18,430 kilomètres, sur lesquels 7,332 restaient à construire[1]. L’achèvement exigeait une dépense d’environ 2 milliards et demi de francs, dont à peu près 350 millions au compte de l’état, soit pour le paiement de subventions stipulées, soit pour des travaux de construction, à partir du 1er janvier 1863. À ces charges nettement définies s’ajoutaient les éventualités concernant la garantie d’intérêt de 4 francs 65 centimes pour 100 sur un capital pouvant monter à 3,110,500,000 francs.

En quelle mesure ces termes ont-ils été modifiés ? Quelques chiffres en feront juger. Le réseau actuel se compose de 20,392 kilomètres. C’est une augmentation d’un neuvième environ, depuis le 1er janvier 1863, relativement au total général, et de presque un tiers relativement aux chemins encore à construire. Quant aux subventions dues en vertu des récentes conventions, elles montent à 368 millions, auxquels s’ajoutent 102 millions affectés par d’autres actes à divers travaux. Le capital auquel pourra s’appliquer la garantie d’intérêt a été grossi de 928 millions ; il s’élève à 4,038,500,000 fr.[2]. Rien ne serait plus hasardeux que de chercher à déterminer dès à présent le montant effectif de la garantie que nécessitera sur ce capital l’exploitation des lignes nouvelles. La preuve en est dans les écarts énormes qu’on remarque entre les diverses évaluations faites au sujet des conventions de 1859, et qui ont varié — le croirait-on ? — de 15 à 80 millions. On commence cependant à donner des chiffres précis, au moins pour deux compagnies, l’Est et l’Ouest, et ces chiffres sont de nature à provoquer de sérieuses réflexions sur les périls que peut offrir une combinaison excellente quand l’application en est démesurément outrée.

Ce tableau de la présente situation, ce compte des obligations assumées supposent évidemment, durant les années qui vont suivre,

  1. Sur ces 18, 430 kilomètres, 16,820 étaient concédés définitivement, 290 l’étaient à titre éventuel, et 1,320 n’étaient pas concédés du tout.
  2. Ces sommes ne comprennent ni les 80 millions de subvention, ni les 80 millions dont l’intérêt est garanti pour la construction de 543 kilomètres de voies ferrées concédés en Algérie à la compagnie de Paris à Lyon et à la Méditerranée. — La somme que les compagnies auront à se procurer pour l’accomplissement de leur tâche en France arrive environ a 3 milliards, dont 2 milliards dans un intervalle de huit années pour les concessions définitives, et 1 milliard pour les concessions éventuelles dans un délai de douze ans en moyenne.