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l’accord désiré, et lorsqu’un malade avait la fièvre, au lieu de dire, comme aujourd’hui, son pouls bat cent quarante pulsations par minute, on disait : il marque six pouces trois lignes au pulsilogue. Plusieurs médecins célèbres s’empressèrent d’adopter cette idée, et quelques-uns lui firent même l’honneur de se l’approprier.

La théorie mathématique du mouvement était trop peu avancée pour conduire à la loi précise de l’oscillation. C’est à Huyghens qu’était réservé l’honneur de la découvrir en la rattachant aux principes de Galilée sur la chute des corps. L’illustre Italien se borna à montrer expérimentalement que la durée de l’oscillation croît comme la racine carrée de la longueur de la corde, et il en conclut la possibilité de mesurer la hauteur d’un édifice d’après le temps de l’oscillation d’une corde suspendue à la partie supérieure. L’importante application à l’horlogerie ne le préoccupa que plus tard et lorsque, vers la fin de sa vie, il y fut ramené par d’autres problèmes.

Les idées nouvelles de Galilée se répandaient peu à peu, et l’éclat de son enseignement semblait lui promettre une facile carrière dans l’université de Pise, lorsque le grand-duc Ferdinand de Médicis, qui appréciait son mérite, lui donna malheureusement une marque de confiance dont les suites devinrent fâcheuses. Jean de Médicis, fils naturel du duc, avait inventé une machine à draguer qu’il voulait employer au port de Livourne. Avant d’ordonner les dépenses nécessaires, Ferdinand consulta Galilée, qui déclara le projet impraticable. La machine ne fut pas construite, et la puissante inimitié du jeune prince poursuivit en toute occasion l’auteur du judicieux rapport. D’un autre côté, l’aveugle attachement des péripatéticiens à Aristote se tournait en aversion pour son contradicteur, et leur opposition, qui ne cessait de le représenter comme un ennemi de la science, lui suscitait avec un malin plaisir les continuelles difficultés d’une guerre sans trêve. Tant d’injustices lui rendirent le séjour de Pise insupportable, et il demanda la chaire de mathématiques de Padoue, qui, vacante depuis deux ans, lui fut aisément accordée. La lettre dans laquelle le doge de Venise informe l’université du choix qu’il vient de faire montre quelle était déjà la réputation de Galilée, âgé alors de vingt-huit ans. « Par la mort du professeur Moleti, dit-il, la chaire de mathématiques à l’université est vacante depuis longtemps. Connaissant toute l’importance de ces études et leur utilité pour les sciences principales, nous avons différé la nomination, faute d’un sujet suffisamment méritant. Aujourd’hui se présente le sieur Galilée, qui professe à Pise avec grand succès et est justement regardé comme le plus habile en ces matières. Nous l’avons chargé en conséquence de la chaire de mathé-