Page:Revue des Deux Mondes - 1864 - tome 54.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

séquences, elle ne donne cependant que des explications imparfaites, et démontre la nécessité des résultats sans en faire apercevoir la raison. Galilée a peut-être rencontré ces inconvéniens sans s’en rendre un compte bien exact. Il est probable au moins qu’en entrant plus avant dans l’analyse des forces qui sont en jeu et des pressions qu’elles produisent, il aurait enlevé à Toricelli la gloire d’inventer le baromètre. Il raconte en effet, dans un dialogue publié dix ans plus tard, qu’une pompe aspirante établie chez un de ses amis faisait facilement monter l’eau jusqu’à une certaine hauteur, mais que la colonne, ayant atteint trente-deux pieds environ, refusait absolument de s’élever plus haut. C’est à l’étude de ce fait, personne ne l’ignore, que l’on doit l’invention du baromètre. Malgré la pénétration de son esprit, Galilée, habitué à éliminer dans l’étude des fluides la considération des forces mises en jeu, a méconnu la véritable cause du phénomène. Il explique l’ascension de l’eau par l’attraction du vide, qui tire la colonne de bas en haut, et se trouve, suivant lui, mesurée par la hauteur, en sorte que pour différens liquides les colonnes seraient en raison inverse des densités ; mais il abandonne bientôt ce sujet sans apercevoir la belle découverte à laquelle il a touché de si près.

Les tentatives de Galilée pour expliquer le phénomène des marées sont de la même époque. Il pensait que la rotation de notre globe produit, en agitant les flots de la mer, leur flux et leur reflux éternel, et leurs agitations si réglées ressemblent, suivant lui, aux oscillations de l’eau dans un vase continuellement en mouvement. Cette théorie ne résiste pas à un examen attentif et sérieux. Galilée la comptait cependant au nombre des preuves décisives du mouvement de la terre, et malgré l’habileté qu’il met à la défendre, on doit regretter qu’il lui ait accordé une place dans l’un de ses plus excellens écrits.

Il faut citer enfin, parmi les recherches qui l’occupaient pendant cette période, l’étude des mouvemens apparens de la lune. Quoiqu’elle nous présente toujours à peu près la même face, on peut observer, en y regardant de près, des variations et des oscillations importantes. C’est le phénomène de la libration, étudié depuis avec tant de soin et de succès par Hévelius et par Cassini ; mais Galilée, qui l’a signalé le premier, en a méconnu la portée et la véritable nature. Le phénomène se réduit, suivant lui, à ce que les astronomes nomment un effet de parallaxe, et il est dû à notre position variable par rapport au centre de la terre. Suivant cette explication, la ligne droite qui joint le centre de la terre à celui de la lune perce toujours la surface de la lune au même point, en sorte que, pour un observateur placé au centre de la terre, il n’y aurait aucune oscil-