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produit au moyen de l’ammoniaque liquéfiée de la glace sous toutes les température et du froid au degré que l’on veut. Ainsi l’idée seule sort armée du cerveau de l’inventeur ; celui-ci s’en détache dès qu’il l’a trouvée, et elle circule alors jusqu’à ce que quelqu’un s’en empare pour en tirer parti. Tout n’est pas profit dans cette seconde recherche, et pour un succès qui s’ébruite, il y a cent revers qui restent ignorés.

Les plus récens et les plus heureux de ces essais ont porté sur quelques métaux nouveaux, sur les arômes et les couleurs. L’exposition est pour ces dernières comme une palette ; il y en a de toutes les nuances, de tous les pays et de tous les noms. Parmi les métaux, c’est l’aluminium qui a les honneurs du rang. Que de temps ne lui a-t-il pas fallu pour s’introduire dans l’industriel Aujourd’hui il semble y être solidement fixé : le prix s’abaisse, la consommation s’accroît soit à l’état de pureté, soit à l’état d’alliage ; on le reconnaît pour ce qu’il est, un métal ductile, malléable, léger comme le verre, tenace comme le fer, presque aussi blanc que l’argent quand il est pur, et qui, moins altérable, peut se conserver à l’air sans y perdre son éclat. Voilà qui est encourageant et prépare un bon accueil aux métaux que l’analyse spectrale nous a récemment livrés, le rubidium, le cæsium, le thallium. Cette analyse en effet, en décomposant l’enveloppe gazeuse du soleil, a par contre-coup dénoncé l’existence de corps nouveaux que depuis la création l’homme foulait aux pieds sans les connaître. A quoi seront-ils bons ? Nul ne le sait ; mais ils ont dans tous les cas leur numéro d’ordre et semblent avoir pénétré dans les expertises de l’atelier : quelques échantillons de thallium figurent sur les étalages du Champ de Mars ; l’aluminium n’a pas commencé autrement ; des métaux dont l’analyse du soleil nous a révélé l’existence ne sauraient avoir une moindre fortune.

Que la nature fabrique des parfums et des couleurs, c’est dans l’ordre, et elle le fait trop bien pour avoir à redouter des contrefaçons. La science s’y est pourtant essayée ; c’était de la témérité. Tandis que tous les corps simples entrent dans les composés minéraux, la chimie organique, qui est l’imitation des produits doués de vie, n’en peut mettre que quatre à profit. Il est vrai qu’en les associant dans des proportions diverses on pousse presque à l’infini la variété des composés, et que l’on concilie ainsi la grandeur dans les résultats avec l’économie dans les causes. C’est comme une gamme à parcourir ; mais comme dans toutes les gammes on arrive au point où le registre s’arrête. Les corps simples, le chimiste en dispose à son gré, il les combine, en forme des corps composés, passe des groupemens élémentaires à des groupemens plus