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que jamais en faveur aux Tuileries, avait été rétablie au profit des dignitaires de l’église aussi bien que des autres fonctionnaires de l’empire. Les membres du clergé avaient été tout naturellement invités à reprendre dans les salons de Saint-Cloud et de La Malmaison le droit de préséance dont, au temps de Louis XIV, ils étaient en possession dans les grands et les petits cabinets de Versailles. Un peu de surprise se lisait bien sur les visages des anciens officiers de l’armée d’Italie, lorsqu’à la suite de quelque lointaine mission ou d’un séjour prolongé dans les camps, venant à Paris saluer le souverain nouveau au milieu des splendeurs de sa cour, ils voyaient les cardinaux de l’église romaine passer devant les maréchaux de l’empire et leurs propres généraux céder le pas à de simples évêques. L’empereur, on ne peut trop le redire, mettait alors en effet sa plus constante application à satisfaire le clergé français et à se l’attacher sinon par tous ses actes, au moins par ses témoignages réitérés de bienveillance et ses marques habituelles de déférence et d’égards. Si les attentions courtoises et les paroles obligeantes d’un prince qui d’ordinaire n’en était pas prodigue suffisaient à lui assurer l’affection des membres d’une église, certes l’empereur avait un droit particulier au dévouement des évêques et des curés de son empire. Il y avait toutefois de sa part une condition tacite à la continuation de ces bons procédés et à la durée de cet heureux accord. Il en était du clergé français comme de toutes les autres puissances de ce monde, devenues, fût-ce pour un moment, les auxiliaires de Napoléon. Il avait dû, lui aussi, accepter un sous-entendu dont peut-être quelques-uns de ses chefs n’avaient pas eu pleine conscience. Jamais en effet l’impérieux chef de la France n’avait encore signé d’alliance sans prétendre en recueillir exclusivement tous les bénéfices. C’était coutume à lui de se faire d’avance et de sa propre main la part du lion. A lui seul il réservait le droit d’interpréter en dernier ressort les clauses insérées dans le commun contrat. Quelques difficultés venaient-elles à surgir, au lieu d’un allié et d’un égal, c’était un maître, et le plus exigeant des maîtres, que ses associés d’un jour rencontraient avec effroi devant eux. Telle a été, de 1800 à 1814, l’histoire de la plupart des cabinets de l’Europe. Pareil sort attendait le clergé français.

Une distinction reste à faire, et sur ce chapitre des choses religieuses comme en toute autre matière il ne serait pas équitable de confondre les mesures prises pendant les premières années du consulat avec les procédés qui marquèrent la dernière phase de l’empire. Non-seulement la différence est énorme entre les façons d’agir, de Napoléon à ces deux époques, mais il est facile de découvrir dans les mobiles mêmes de sa conduite à l’égard du clergé une sorte d’opposition et presque de contraste. Au lendemain de la