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faveur du roi de Prusse l’usage de tout ou partie de leurs droits. C’est en effet ce qui est arrivé. Aujourd’hui la plupart des gouvernemens de l’Allemagne du nord sont affranchis de toute responsabilité, à la condition de fournir à la caisse fédérale autant de fois 225 thalers que la Prusse, mise en leur lieu et place, lève d’hommes sur leur territoire. Seuls, le Brunswick et la Saxe royale n’ont pas encore aliéné leurs droits.

Pour la Saxe, l’état de choses récemment intronisé a de grandes chances de durée. Le pays s’est associé avec ardeur à la pensée qui a inspiré le gouvernement du roi Jean après le traité du 21 octobre 1866, et, pour conserver l’homogénéité de l’armée saxonne, qui a l’avantagé de représenter une unité complète, c’est-à-dire le 12e corps de l’armée fédérale, on a été au-devant de tous les sacrifices d’hommes et d’argent : les chambres, se faisant l’organe du sentiment général, ont voté le 24 décembre 1866 une loi qui devait donner à la Saxe une organisation militaire tout à fait analogue à celle de la Prusse. Dès l’automne de la même année, le cabinet de Dresde s’était mis en mesure de prouver qu’il serait à la hauteur d’une tâche dont il entendait très noblement ne partager les soins avec personne. Les dépenses d’administration ne sont pas disproportionnées avec l’importance numérique du contingent saxon, et la population du royaume considère que cette charge est préférable au déplaisir de subir plus encore l’ingérence prussienne. Il ne pouvait en être de même dans le Brunswick et dans le Mecklembourg, qui avaient essayé de suivre l’exemple de la Saxe. Les frais généraux d’un contingent distinct devaient y paraître relativement bien plus onéreux, et il était aisé de comprendre que les habitans de ces petits pays ne s’accommoderaient guère de soutenir ainsi de leur argent la persistance de leurs souverains nominaux dans des idées d’autonomie locale qui, réelles et très explicables en Saxe, n’avaient plus aucune raison d’être, après les événemens de 1866, dans des pays aussi peu considérables que le Mecklembourg ou le duché de Brunswick.

Tous les gouvernemens ont donc cédé au courant ; ils ont adopté le parti auquel s’étaient résignés tout d’abord les villes anséatiques et le grand-duc d’Oldenbourg. La Prusse a conclu avec la plupart de ses confédérés des conventions dont le texte n’est point identique, mais qui tendent toutes au même but. En vertu des arrangemens qui s’y trouvent stipulés, la Prusse se charge de tout. Les recrues prêtent serment au souverain de leur pays d’origine, et contractent en même temps un engagement d’obéissance envers le généralissime fédéral. Les régimens thuringiens, mecklembourgeois, oldenbourgeois, ont l’équipement et l’uniforme prussiens ; mais les soldats qui en font partie, de même que ceux d’entre eux qui