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sager uniquement comme des moyens d’éducation supplémentaires ce serait en diminuer la réelle utilité. Ils viennent en aide aux savans de profession en leur créant dans la masse du public une foule d’auxiliaires obscurs et ignorés, mais dont le concours n’est point à dédaigner. Les vérités conquises par la science pure restent parfois stériles pendant de longues années, jusqu’au moment où le hasard en révèle la portée et l’application, utile, et c’est souvent entre les mains d’un industriel, d’un agriculteur, du plus humble ouvrier, que l’on voit réussir ce que Bacon de Vérulam appelle la vendange, vindemiatio. C’est ainsi que les ouvrages de science vulgarisée sont appelés à faire avancer la science par le concours du public. Le succès de cette espèce d’enseignement libre serait encore beaucoup plus grand, si les savans y prenaient une part plus active, au lieu de l’abandonner à des compilateurs ignorans, à ces fa-presto dont la fécondité fait déjà préjuger la qualité des produits qu’ils jettent annuellement sur le marché littéraire. On comprend que l’on chercherait en vain la clarté ou la simplicité chez un auteur qui est à peu près étranger au sujet qu’il traite. Dans ces sortes de livres, le texte n’est généralement que l’accessoire obligé des gravures ; s’ils ne parlent pas à l’esprit, ils parlent aux yeux.

Nous avons heureusement à signaler, cette année encore, une série d’ouvrages qui ne tombent pas dans cette catégorie, qui ont été composés avec soin par des écrivains de talent, amateurs sérieux ou savans de profession. Il y en a dans le nombre qui sortent du cadre de la littérature populaire, et que nous ne mentionnons à cette place qu’à cause des matières qu’ils traitent. Tels sont le Dictionnaire de botanique de M. Germain de Saint-Pierre et l’Histoire des plantes, de M. H. Baillon, professeur à la faculté de médecine de Paris. Quoique destinés aux savans, ces ouvrages, grâce surtout au nombre considérable des figures intercalées dans le texte, se recommandent également aux amateurs de botanique qui ne s’arrêtent pas aux premières notions. Le Nouveau Dictionnaire de botanique est en quelque sorte un traité complet de phytologie, que la disposition alphabétique rend plus commode à consulter que les traités ordinaires. Une introduction placée en tête du volume renferme d’excellens conseils sur la meilleure manière d’aborder l’étude de la botanique et sur l’ordre dans lequel un amateur novice pourrait lire avec fruit les principaux articles de l’ouvrage. La plupart des traités commencent par l’examen des cellules et vaisseaux qui forment la trame des tissus végétaux. Ce n’est pas là assurément ce qui offre le plus d’intérêt aux lecteurs ordinaires, désireux avant tout de connaître en gros les plantes qu’ils rencontrent sur leur chemin. La marche recommandée par M. Germain de Saint-Pierre est plus naturelle : herboriser avec ou sans maître, cueillir les fleurs qui attirent l’attention, en chercher la description dans le dictionnaire, remonter ensuite à la description de l’espèce, puis enfin à l’étude des organes en général lorsqu’on