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rendement de ses domaines aquatiques ; il explique la culture méthodique des poissons, écrevisses, homards, moules, huîtres, éponges, et il montre combien il reste à faire après ce qui a été déjà fait. Ce que nous avons trouvé de plus particulièrement intéressant dans ce volume écrit par un homme instruit et compétent, ce sont les révélations qu’il nous fait sur l’échec des essais d’ostréiculture annoncés avec tant de bruit et tant d’assurance par M. Coste. Dans la baie de Saint-Brieuc, sur le littoral de la Méditerranée, dans l’île de Ré et même dans le bassin d’Arcachon, les résultats ont été presque nuls, le naissain périt, les propriétaires cherchent à se défaire de leurs concessions ou à les convertir en pêcheries à varech. Dans l’île de Ré notamment, l’enthousiasme provoqué par les promesses de la science a engagé une foule d’habitans à négliger des ressources plus sûres, ils ont dépensé leur temps et leurs économies en pure perte, et l’échec qu’ils ont éprouvé a compromis l’avenir de l’ostréiculture dans cette région. La culture artificielle des huîtres peut cependant fournir de beaux produits lorsqu’elle est basée sur les saines données de la pratique au lieu d’être guidée par les vues chimériques des théoriciens purs.

M. A. Brehm, le savant directeur du jardin zoologique de Berlin, continue la publication de la Vie des animaux illustrée, et, à en juger par les volumes qui ont déjà paru, cet ouvrage mérite d’être recommandé comme le plus instructif des traités populaires d’histoire naturelle. On y trouvera notamment des renseignemens d’un très grand intérêt sur les chevaux de race et sur les chiens domestiques. M. Brehm entre dans beaucoup de détails sur les symptômes de la rage et s’efforce de détruire le funeste préjugé qui veut que les chiens enragés soient toujours hydrophobes.

M. Rambosson a consacré, cette année, un volume fort intéressant aux Pierres précieuses. Quelques-unes des pierres les plus célèbres qui figurent dans les trésors des souverains ont leur histoire plus ou moins romanesque, que M. Rambosson a soin de raconter. Pour varier son sujet, il en a élargi le cadre de manière à y faire entrer les mines d’or, les pêcheries de perles, la récolte de l’ambre, une histoire succincte des principaux ornemens et les premières notions de l’héraldique. On y trouve donc réuni tout ce qui a trait aux choses brillantes sur lesquelles se concentrent les désirs de la majorité des hommes.

Pour nous résumer, cette année encore des écrivains de talent nous ont donné des livres qui, pour être plus abordables que les traités proprement dits, n’en sont pas moins dignes d’être pris pour guides par ceux qui voudront se familiariser avec les conquêtes des sciences. Le succès croissant de ces sortes d’ouvrages est assurément un des plus heureux signes du temps. r. radau.


C. Buloz