Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/378

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avant d’avoir examiné. Il entendit Maxfield et il dit : « C’est le Seigneur ! » John Nelson imita bientôt cet exemple dans le Yorkshire. C’était un simple maçon qui a écrit, après avoir entendu Wesley pour la première fois : « Ce matin-là fut une bénédiction pour mon âme. Dès qu’il fut monté sur l’estrade, il rejeta ses cheveux en arrière et il tourna sa face du côté où j’étais, et je pensai que ses yeux se fixaient sur moi. Sa contenance me frappa tellement d’une crainte respectueuse avant de l’avoir entendu parler, que mon cœur battait comme le balancier d’une horloge, et quand il parla, je crus que tout son discours s’adressait à moi. » C’était en effet la manière de Wesley ; ses sermons ressemblaient à une interpellation directe. On eût dit qu’en parlant il avait quelqu’un en vue dont il connaissait le cœur et voulait la conversion. On le comparait à ces portraits dont les yeux ont toujours l’air de regarder chacun des spectateurs. Nelson avait commencé ses prédications dans les comtés du nord ; mais il eut besoin du secours de Wesley, qui, montant aussitôt à cheval, car c’est presque toujours ainsi que pendant longues années il parcourut les trois royaumes, fut en six jours auprès de lui. Témoin des résultats déjà obtenus, il poussa plus loin, arriva à Newcastle, au centre de la plus riche industrie houillère, harangua une population ignorante et brutale et fut ramené par elle comme en triomphe à son domicile. Il ne quitta Newcastle qu’après y avoir fondé une chapelle, et de ce premier voyage date l’établissement du méthodisme dans les comtés d’York et de Northumberland.

L’exemple de Maxfield et de Nelson était décisif. Wesley consentit à instituer un ministère laïque. Les sociétés, divisées en classes dirigées chacune par leur guide spécial, furent autorisées à se réunir sous un chef agréé par lui et qui, sans renoncer aux travaux d’une profession souvent modeste, leur dispensait le pain de la parole. Cette organisation acheva de constituer le méthodisme en une secte séparée qui prit les caractères d’une démocratie chrétienne ; toutefois cette démocratie reconnaissait un maître. Par l’ascendant du caractère, de la foi, de l’éloquence, par sa présence seule et toute sa personne, Wesley était fait pour le commandement.

Vers 1742, il perdit sa mère, qui expira en disant à ses enfans qui l’entouraient : « Mes enfans, dès que je m’en serai allée, chantez un psaume d’action de grâces à Dieu. » Et ils le chantèrent. Un an après, la première conférence ou convocation des chefs du méthodisme wesleyen, six pasteurs et quatre prédicateurs laïques qui s’assemblèrent à Londres dans la chapelle de la Fonderie, confirma toutes les vues, tous les règlemens du maître en divisant toute la congrégation en quatre, les sociétés unies, les petites compagnies, les sociétés choisies, et enfin les pénitens, ceux qui étaient encore en