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LA
TRANSFUSION DU SANG
ET
LA VIE DES ELEMENS DE L'ORGANISME

De tout temps, les opinions les plus diverses ont été émises sur le principe et sur le siège de la vie ; dans les systèmes que nous ont légués les anciens à ce sujet, il y eut cependant une croyance générale, assez simple pour être universellement partagée, assez bien fondée en apparence pour subsister pendant des siècles. Un fait d’observation vulgaire, la mort à la suite d’une hémorrhagie, donna naissance à l’idée que la vie réside uniquement dans le sang. Les héros d’Homère exhalaient leur âme avec leur sang ; chez les Hébreux comme chez les Grecs, offrir le sacrifice d’une vie, verser le sang d’une victime, étaient deux expressions équivalentes. Les religions occidentales ont consacré sur ce point la foi de tous les peuples et de tous les âges ; un verset du Lévitique l’a résumée ainsi : la vie de toute chair est dans le sang.

Depuis Galien jusqu’à Harvey, les savans ont pensé que le cœur ne fait que propager le liquide sanguin du centre à la périphérie. D’après leurs théories, le sang était sans cesse formé et renouvelé dans l’intérieur du foie ; c’était la force centrifuge qui le poussait dans les veines aussi bien que dans les artères. Harvey le premier démontra que le sang revenait sur lui-même. « Il se meut, dit-il, dans le même cercle, tout comme les planètes se meuvent à travers les espaces en décrivant le même orbite. » L’idée de la transfusion du sang a son point de départ dans la découverte d’Harvey ; du