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vaisseaux du foie sont-ils oblitérés, la bile cesse de se former. Comprime-t-on les artères du rein, la sécrétion de cet organe s’arrête. Il suffit du reste d’énoncer les conditions du problème pour en avoir la solution ; le sang est un milieu où les élémens glandulaires puisent les principes de leur nourriture et de leurs fonctions, la circulation du liquidé sanguin au sein du tissu glandulaire est une véritable transfusion que le cœur entretient sans cesse et qu’une transfusion artificielle peut seule remplacer.

La nutrition et la sécrétion dans leur travail continuel maintiennent l’état d’organisation de la matière végétale et animale. Les plantes ne possèdent guère que ces deux fonctions, on peut presque en dire autant des animaux pendant le sommeil ; mais pendant la veille ces fonctions ne sont point les seules dévolues à l’animal : il entre en relation avec le monde extérieur par le mouvement, la sensibilité et l’intelligence. La fibre musculaire, organe essentiel du mouvement, possède une activité indépendante du système nerveux ; la transfusion locale confirme cette donnée scientifique, qui repose aujourd’hui sur des preuves multiples. Comme l’élément sécréteur, la fibre musculaire est distincte chez quelques animaux intérieurs ; le microscope la révèle à cet état dans le corps transparent des infusoires appelés vorticelles. Aux degrés les plus élevés de la série animale, cette fibre se trouve en connexion avec des nerfs et des vaisseaux, et, bien qu’elle jouisse d’une excitabilité qui lui est propre, elle reçoit du nerf moteur une incitation au mouvement. Le contact de la fibre musculaire avec les vaisseaux sanguins est intime, mais la composition chimique du sang qui la baigne varie suivant la quantité de travail fourni : aussi faut-il que sans cesse un nouveau liquide soit transfusé dans le réseau sanguin du muscle. La fibre du mouvement est-elle en repos, le sang qui la traverse est à peine modifié. Se trouve-t-elle dans un état de demi-contraction, l’oxygène diminue dans le sang, l’acide carbonique augmente. Si la contraction est manifeste, énergique, la combustion et la production d’acide carbonique sont alors à leur maximum ; le sang veineux est fortement noirâtre, le muscle se nourrit.et fonctionne tout à la fois.

Ce sont là des modifications que subit la fibre musculaire pendant la vie. Lorsque la mort survient et que le sang ne se renouvelle plus, l’irritabilité musculaire disparaît après un temps variable et dans un ordre déterminé. Le ventricule gauche du cœur cesse d’abord d’être excitable, puis viennent l’intestin, la vessie, l’iris, les muscles de la vie animale ; l’oreillette droite du cœur meurt en dernier lieu, c’est l’ultimum moriens. La matière organique qui constitue ce qu’on appelle la chair se décompose ; elle est désormais soumise à l’empire des forces chimiques. Les sucs qu’elle renferme