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exportations considérables. Des matières nouvelles, qui sont précieuses pour l’industrie moderne, s’extraient aussi de ces plaines autrefois abandonnées. Tel est l’acide borique, qui, transformé en borax, joue un rôle important dans la fabrication des poteries et des verreries fines. C’est à un de nos compatriotes, M. de Larderel, qu’est due la fondation en Toscane de vastes et nombreux établissemens pour la production de cette matière utile. Les exploitations ont fourni, depuis 1818 jusqu’à 1860, plus de 40,000 tonnes d’acide borique ; dans ces dernières années, la production moyenne était supérieure à 2,000 tonnes, et elle s’accroît sans cesse. La demande de ce produit est d’ailleurs si grande en Angleterre qu’une quantité deux ou trois fois plus considérable serait facilement absorbée par le marché britannique. Les maremmes sont en outre couvertes d’exploitations de soufre. On en rencontre à Radicondoli, à Scanzano et dans bien d’autres lieux. Quelques industries plus raffinées contribuent aussi à répandre la vie dans ce pays. De ce nombre sont les manufactures d’albâtre de Volterra, qui se sont beaucoup développées depuis vingt ans, et qui emploient aujourd’hui plus de 1,200 ouvriers. Les principaux débouchés pour les articles qui en proviennent sont la Russie, les États-Unis, l’Inde et même la Chine.

Telles sont quelques-unes des industries qui ont pris récemment le plus grand essor dans les maremmes. Elles sont appelées à transformer la face du pays. Il n’est pas, en effet, pour l’agriculture d’auxiliaire plus actif et plus précieux que la grande industrie. Elle seule peut dans des plaines désertes improviser une population nombreuse ; elle seule sait braver tous les dangers de l’insalubrité du sol ou du climat ; elle seule, par les capitaux dont elle dispose, peut entreprendre les travaux indispensables à l’assainissement, à la viabilité et à la sécurité d’une contrée. Par l’appât des salaires élevés, elle attire et fixe les immigrans ; elle crée immédiatement une vaste demande et un marché pour les produits agricoles du territoire ; au besoin, elle prête dans les momens d’urgence une partie de son personnel pour les travaux des champs. Si abandonnée que soit une région, si arriérée que s’y trouve la culture, s’il y naît une industrie puissante, on peut être certain que la terre s’en ressentira, qu’elle sera l’objet de plus de travaux et de plus de soins, qu’elle augmentera sa production dans les proportions les plus considérables. Aussi l’avenir des maremmes est actuellement assuré ; la nature reviendra à son ancien état de richesse, et la malaria devra céder devant les progrès de l’industrie et de l’agriculture.

Nous avoirs étudié l’économie agricole et industrielle des différentes parties de la Toscane. Dans les régions élevées des montagnes, nous avons rencontré la grande propriété et l’exploitation des forêts au moyen de journaliers ; dans les parties plus basses,