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que le microsporon, l’aspergillus, le trichophyton, etc. M. Wreden explique par la présence de deux espèces d’aspergillus une maladie de l’oreille très opiniâtre qui s’observe chez des personnes logées dans des chambres humides. Il en a constaté plusieurs cas dans un hospice où les murs étaient couverts de moisissures blanches. Le lavage des murs avec une solution d’hypochlorite de chaux et l’emploi du même liquide pour l’oreille ont fait disparaître la maladie. Le muguet, qui attaque la bouche des enfans en bas âge, est attribué par les médecins à un autre champignon, l’oïdium albicans. Les expériences de Klenke et de Wedl ont mis hors de doute que des microphytes d’une espèce particulière envahissent les dents et les détruisent lentement. Les résultats de ce genre feraient croire à la transmission de la plupart des maladies infectieuses par des êtres microscopiques animés, lors même que les meilleurs microscopes sont impuissans à en révéler l’organisation. C’est ainsi que, d’après M. Chauveau, les virus du vaccin et de la variole n’agissent que par les corpuscules, séparables au filtre, qui nagent dans le liquide, tandis que la solution filtrée n’exerce aucune action appréciable. D’après M. le docteur Lemaire, les ophthalmies et beaucoup d’autres affections qui se transmettent à distance dans les salles d’hôpital auraient également pour véhicules des spores ou séminules d’êtres microscopiques répandus dans l’air. On comprendrait ainsi l’aggravation de certaines maladies par l’encombrement des salles, puisque les miasmes vivans doivent se multiplier en raison du nombre des individus réunis dans la même chambre. Ainsi s’expliquerait encore l’efficacité des mesures qui ont pour but d’assurer à chaque malade la plus grande quantité possible d’air frais.

Le volume d’air qu’il est utile de renouveler dans les écoles, les hôpitaux, la cale des navires, dépend du nombre, de l’âge et de l’état de santé des individus réunis dans le même local. On peut calculer a priori la quantité d’air ordinaire qui serait strictement nécessaire à l’homme adulte, sain et isolé, s’il ne s’agissait que de transformer en acide carbonique et en eau la portion de sa nourriture que l’on appelle respiratoire, et qui entretient la chaleur du corps. On trouve ainsi que 4 mètres cubes par vingt-quatre heures suffiraient à la rigueur ; en admettant la nécessité de consommer seulement un sixième de l’oxygène disponible, afin de maintenir la respiration libre, on porterait cette quantité à 24 mètres cubes par jour, soit 1 mètre cube par heure ; mais l’on serait encore loin de compte. Les expériences faites avec l’appareil respiratoire de M. Galibert ont montré que l’air contenu dans un récipient de 70 litres était vicié au bout de dix minutes ; il s’ensuit que 500 litres (1/2 mètre cube) par heure ne suffisent point à la respiration d’un homme