Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 85.djvu/455

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

isolé ; il en faudrait probablement plus du double. Les individus réunis dans un même local ont besoin de quantités d’air beaucoup plus grandes encore. On avait d’abord fixé à 6 mètres cubes par heure et par tête le volume d’air qu’il fallait accorder aux écoles de 30 à 60 enfans, mais depuis l’on s’est vu dans la nécessité de doubler la proportion. Dans les amphithéâtres pouvant contenir de 300 à 600 auditeurs, la ventilation doit fournir par heure et par individu 23 mètres cubes d’air à la température de 20 degrés. Le grand amphithéâtre du Conservatoire des arts et métiers peut servir de modèle sous ce rapport. Dans une salle d’hôpital de 30 lits on accorde de 30 à 70 mètres cubes, selon les circonstances, de 80 à 100 dans une salle de blessés, enfin 150 mètres cubes par heure et par individu en cas d’épidémie ; encore est-il indispensable d’entretenir dans l’air une humidité proportionnée à la température. Trop souvent l’air pris au dehors par un temps froid se trouve relativement trop sec après avoir traversé un calorifère, et il faut alors lui restituer sa qualité hygroscopique normale par une addition de vapeur d’eau. Ce n’est pas sans un motif sérieux que la tradition recommande de placer un vase à demi plein d’eau sur le poêle qui sert à chauffer un appartement. On s’est aussi beaucoup occupé dans ces derniers temps du danger que présentent les poêles en fonte ; il semble démontré qu’ils donnent lieu à la production d’un gaz vénéneux, l’oxyde de carbone. Ces sortes de causes peuvent contribuer à rendre irrespirable l’air d’une chambre de malade, mais il est certain que la cause principale de l’insalubrité de cet air doit souvent être cherchée dans l’abondance des miasmes organisés auxquels l’atmosphère sert de véhicule.

C’est aussi par un transport de ce genre que l’on explique la propagation du typhus contagieux des bêtes à cornes, affection terrible qui tend à diminuer encore la production, déjà trop restreinte, de la viande de boucherie. Cette maladie, originaire des steppes de la Russie, accompagne, en les décimant, les troupeaux qui arrivent par la Hongrie pour se répandre en Prusse, en Hollande et dans la Grande-Bretagne ; elle n’aurait pas manqué d’exercer ses ravages aussi chez nous, si l’administration n’avait pris à temps les mesures les plus sévères pour en empêcher l’invasion. Le seul moyen efficace d’arrêter la contagion consiste à sacrifier immédiatement tous les animaux malades ou suspects qui passent la frontière, sauf à indemniser ensuite les propriétaires de ces bêtes ; on n’hésita pas à l’employer. Une commission centrale, composée de MM. Claude Bernard, Tardieu, Magne et Mélier, fut chargée de surveiller l’exécution des mesures de sûreté ; plusieurs médecins vétérinaires furent envoyés à l’ëtranger afin d’étudier la maladie sur place : M. Bouley