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chacun des grands types zoologiques sont construits d’après un même plan fondamental, que les différences portent simplement sur la configuration des parties, sur le degré de développement ou de perfection, sur l’appropriation à des usages variés : vérité admirable peu à peu dégagée de l’obscurité, puis défendue contre de vieux erremens avec une sorte d’enthousiasme excité par le sentiment d’une grande cause à gagner pour l’esprit humain. Avec des succès mêlés de quelques revers dus à l’absence de connaissances encore suffisamment précises, on apportait chaque jour davantage les preuves que tous les animaux vertébrés, mammifères, oiseaux, reptiles, poissons, ont les mêmes organes situés dans des rapports constans, que tous les animaux articulés, insectes, arachnides, crustacés, dérivent d’un seul plan primordial. Pour les vertébrés, la démonstration est venue en grande partie des efforts de Geoffroy Saint-Hilaire ; pour les articulés, elle a été faite par Savigny.

A partir de ce moment, il devint presque facile de comprendre la raison de la configuration ou du degré de développement de diverses parties de l’organisme, et d’avoir la signification d’un changement dans les formes. Un guide d’une sûreté incomparable était donné aux investigateurs. Sous l’impression de la joie bien légitime que faisaient éprouver le succès obtenu et plus encore l’idée grande et philosophique qui avait dominé dans la recherche des parties de même nature, ou, suivant l’expression actuelle, des parties homologues chez des animaux aussi différens que les poissons, les reptiles et les mammifères, on se demanda si l’unité de composition ne s’étendait pas au règne animal tout entier. Il y eut ainsi quelques tentatives pour assimiler les organes de l’insecte à ceux de l’animal vertébré ; elles ne furent pas heureuses. Les organes ne conservent ni les mêmes rapports, ni les mêmes situations chez ces deux types ; c’est en s’attachant exclusivement à des caractères de structure et à la fonction des parties qu’il est possible d’arriver à une sorte d’assimilation.

L’idée exacte de la constitution générale des animaux s’étant fait jour, les études d’anatomie, convenablement dirigées, cessaient d’avoir pour unique objet la configuration des organes ; elles devaient tendre à l’interprétation des modifications de l’organisme, à la détermination du rôle des parties, à la découverte du mécanisme des appareils. Sous l’inspiration de ces vues, les résultats obtenus ont été immenses, et la science a grandi avec une merveilleuse rapidité. D’autre part, l’étude intime des tissus a mis en lumière ce fait important, que les élémens primitifs présentent les mêmes caractères essentiels chez tous les êtres animés. Par des expériences habilement conduites sur les animaux vivans, des fonctions de