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paternelle contenue dans les limites de la raison, il a le droit et le devoir de surveiller les industries qui peuvent être préjudiciables à la santé publique, surtout quand ces industries ne s’exercent qu’en vertu d’une autorisation administrative. Toute nourrice placée par les bureaux, toute femme allaitant, moyennant salaire, un enfant autre que le sien peut être et doit être surveillée. Tels sont les principes, voyons les conséquences.

Théoriquement l’ordonnance de 1842 est bonne ; il faut peu de chose pour la rendre excellente dans la pratique. Le bureau de l’administration de l’assistance publique, dont MM. Vée et Husson eux-mêmes avaient naguère proposé la suppression, pourrait être conservé pour les placemens d’enfans indigens. Les petits bureaux seraient aussi maintenus ; mais, comme chacun doit être responsable de ses engagemens et de ses actes, les loueurs de nourrices, puisqu’ils se portent garans d’une bonne et sérieuse surveillance, doivent être rendus pécuniairement responsables des dommages et intérêts auxquels pourraient être condamnées les nourrices, toujours insolvables, en cas de non-exécution du contrat de louage tel qu’il a été conclu, ou d’accidens arrivés par leur faute aux nourrissons. C’est le meilleur, sinon le seul moyen, d’empêcher les fraudes de la part de ceux qui font le commerce des nourrices. L’enfant du pauvre, du paysan, ne doit pas payer de sa vie l’allaitement rétribué donné par sa mère à un enfant étranger. Une femme ne saurait donc être autorisée à prendre un nourrisson et à se placer comme nourrice sans produire un certificat obtenu sous la responsabilité du maire et attestant que son enfant est âgé de sept mois au moins et d’un an au plus. Le certificat médical serait délivré, pour Paris, à la préfecture de police, partout ailleurs par un médecin désigné par l’administration.

Telle est à peu près dans l’organisation de l’industrie nourricière la part qui revient à l’autorité. Cette part ne peut être complètement supprimée. Si nous vivons en société, si nous supportons des chargés communes, si nous nous soumettons aux mêmes lois, c’est afin de profiter des avantages que donne à tous la concentration, la direction des efforts industriels vers un but d’intérêt général. Ce que nous pouvons, ce que nous devons faire, c’est de diminuer le plus possible la part d’action qui appartient à ceux que nous avons chargés d’agir pour nous, c’est de les aider dans la limite de nos forces, c’est enfin d’agir avec eux, d’agir pour eux, en un mot d’agir nous-mêmes. Les nourrices ont besoin d’être surveillées, elles ne peuvent l’être efficacement que si tous se chargent de la surveillance. Pour cela, que faut-il faire ? Il faut que des sociétés maternelles, des sociétés protectrices de l’enfance se forment dans tous les chefs-lieux de nos départemens, que chaque commune où il y