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II

Le budget extraordinaire, on le sait, comprend d’une part les recettes variables, accidentelles, obtenues par des sacrifices volontaires, souvent onéreux, toujours passagers, — d’autre part les dépenses dont l’utilité, quoique grande, ne crée pas une obligation stricte, et dont l’ensemble s’équilibre nécessairement avec les ressources présumées, car le budget extraordinaire ne comporte pas d’excédant. Les dépenses extraordinaires ont eu deux causes principales : le percement et la reconstruction de Paris, l’extension des limites de la ville. L’annexion de 1859, dont les charges étaient a priori estimées 150 millions, a coûté, suivant le dernier rapport du préfet de la Seine, en travaux extraordinaires de toute nature, 352,650,000 francs. En admettant que les communes suburbaines aient apporté à la ville un contingent de 32 millions de recettes annuelles contre 19 millions de dépenses ordinaires, on voit quelle part a dû être demandée aux ressources extraordinaires. Nous avons toujours regretté, au point de vue politique et administratif, la mesure de 1859. C’était aggraver encore la prépondérance excessive de la capitale que d’introduire dans ses murs tant de populations nouvelles où l’élément conservateur ne dominait assurément pas, c’était aussi multiplier les difficultés de l’administration. On s’en aperçoit aujourd’hui qu’on veut modifier le régime municipal de Paris. Toutefois, la mesure étant admise, — et elle reçut même alors l’approbation d’une notable fraction du parti libéral, — il n’est pas juste de reprocher à l’ancien préfet de la Seine l’importance des dettes qu’elle a nécessitées. Si l’on songe qu’il a consacré dans les communes annexées 89 millions pour les édifices religieux, civils et hospitalière, 133 pour les grands travaux de voirie, 49 pour les voies publiques et les promenades, 78 1/2 pour les eaux et égouts, ne doit-on pas lui reconnaître le droit de renvoyer ceux qui accusent son administration financière de prodigalité à ceux qui le blâment de n’avoir pas encore satisfait aux besoins de la zone annexée ?

En même temps que ces dépenses étaient effectuées dans le nouveau Paris, l’ancien Paris en nécessitait de semblables. Les travaux d’architecture, de la voie publique, des eaux et égouts, des ponts, ont absorbé un total de 467 millions. Dans les bâtimens nouveaux figurent 10 églises, 2 temples, 2 synagogues, 8 mairies, 75 établissemens scolaires et 4 théâtres. Les halles, marchés et abattoirs couvrent 80 hectares. Les anciens hôpitaux ont été agrandis, et 6 hospices nouveaux créés, ainsi que 28 maisons de secours. Les hôpitaux renferment 7,820 lits et les hospices 11,260, sans parler des secours distribués à domicile ; en 1869, on a soigné 63,395