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Mineure et de quelques villes de la Grèce ; on les appelait bétyles[1] et on les ornait de draperies. Les inscriptions tracées à la pointe sur les murs de Pompéi invoquent plus d’une fois Vénus pompéienne ou Vénus Physica, et P. Cornélius Sylla, quand il y envoya une colonie, ne lui donna point d’autre nom que celui de Colonia Veneria-Cornelia.

Après les Phéniciens viennent les Grecs, qui se répandent sur cette côte et y propagent le commerce et le goût. Fondée en 1050, Cumes acquiert une puissance qui bientôt résistera à toute la confédération des Étrusques ; elle étend peu à peu ses établissemens et fonde Dicéarchia (Pouzzoles), Parthénopé, qui prend le nom d’une des sirènes, jusqu’au jour où, agrandie par les exilés de Cumes, elle s’appellera la nouvelle ville, Néapolis, et gardera ce nom dans l’histoire. Plus loin, à une demi-lieue de Parthénopé, la ville d’Hercule (Héracléion, en latin Herculaneum ou Herculanum) trahit aussi son origine grecque. Le souvenir d’Hercule apparaît presque toujours à côté des phénomènes volcaniques, des sources sulfureuses, des émanations méphitiques, qui semblaient au vulgaire annoncer l’entrée des enfers. Près d’Herculanum, et peut-être dans sa dépendance, Retina offre son port, où les navires légers trouvent un abri, tandis que les barques sont chaque soir tirées sur le sable. Vers le fond du golfe, Pompéi est un entrepôt pour le commerce, le nœud des relations constantes avec les Osques ; c’est là qu’ils apportent leurs huiles, leurs vins, leurs blés, soit par terre, soit en profitant du fleuve Sarnus, qui était navigable dans l’antiquité.

En même temps que les Grecs, les Étrusques étendent leurs conquêtes jusqu’au milieu de la Campanie. Repoussés sur mer par les flottes de Cumes et d’Hiéron, tyran de Syracuse, allié de Cumes, ils s’avancent par-dessus le Latium et Rome, soumise à ses lucumons, jusqu’à Capoue et Nola, et fondent une confédération de douze villes, image des douze lucumonies du nord. La civilisation étrusque a dû exercer à son tour quelque action sur les sociétés osques et sur le génie campanien.

La quatrième source d’influence, la plus puissante, c’est Rome, qui luttera longtemps avec les Campaniens avant de les soumettre, de les plier à sa langue, à ses formes politiques, à ses mœurs ; même quand la conquête sera définitive, l’assimilation ne sera jamais complète.

Ainsi, étant donnés ces quatre points de contact qui se succèdent dans une période historique d’au moins douze siècles, les Osques

  1. On verra une de ces pierres coniques habillées sur un tétradrachme d’Athènes que j’ai publié. (Monnaies d’Athènes, in-4o, p. 318.)