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la règle, sauf exception, est partout celle-ci : nomination par les contribuables de chaque circonscription d’un conseil qui élit son chef. La loi de 1855, connue par le nom de son principal auteur, sir B. Hall, devenu lord Lanover, en laissant à chaque quartier son administration distincte, a cependant centralisé tous les grands travaux dans un seul bureau (metropolitan board of works), élu par la métropole tout entière sur les bases suivantes. Le common council de la Cité nomme 3 délégués, chacune des six grandes paroisses en choisit 2, chacun des districts 1[1], en tout 45. Le renouvellement a lieu par tiers. Le président est nommé par le board, ses fonctions durent jusqu’à révocation par le bureau qui l’élit. Il reçoit un traitement de 37,500 à 50,000 francs (1,500 à 2,000 liv,). L’éminent titulaire de cette laborieuse fonction est depuis plusieurs années sir John Twaithe.

On connaîtrait mal l’Angleterre, si l’on ne devinait pas que d’autres autorités s’enchevêtrent avec ces autorités municipales. L’Angleterre est un corps qui suit dans ses développemens ce que les savans appellent le mouvement organique, un mouvement compliqué, mais continu, et non pas ce mouvement logique, uniforme, violent, intermittent, qui est dans les habitudes du génie français. À côté des autorités locales, les lords-lieutenans des comtés de Middlesex, Kent et Surrey, les commissaires de la lieutenance de la Cité exercent, au nom de la couronne, leurs attributions respectives. À côté des autorités municipales, les paroisses conservent leur existence et leurs droits. À côté des autorités royales, municipales, paroissiales, les associations libres, les fondations constituées, les corporations, les compagnies, jouissent de leur pleine indépendance. Enfin, au-dessus de la couronne et de la paroisse, de la commune et de l’association, le parlement exerce le pouvoir souverain, et il intervient dans les moindres détails avec une puissance et une compétence dont nous avons peine à nous rendre compte en France. Il est ce que l’on appelle dans les usines l’atelier central de réparation, où l’on porte à chaque instant toutes les pièces qui ont besoin d’être remises en bon état. Le parlement est tout, il est partout, il s’occupe de tout ; l’état, c’est lui !

Je renonce à répartir nettement, méthodiquement, entre ces diverses autorités juxtaposées, superposées, enchevêtrées, les attributions qui sont confiées en France à l’autorité municipale. Ainsi on est tout surpris d’apprendre qu’un acte du parlement (metropolis gas act) a confié en 1860 l’organisation de l’éclairage au gaz de

  1. Les petits districts, Plumstead et Lewisham, Rotherhite et Saint-Olave, se groupent deux à deux pour nommer un membre.