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la fois parlementaires et municipaux, avec leur maire, leurs aldermen et leurs bourgeois, élisant un conseil local composé de 72 à 124 membres, et d’établir un conseil municipal central composé de 130 délégués des divers conseils de district. Beaucoup d’autres projets ont été proposés : lord Ebrington demandait que chacun des services de la métropole, police, pavage, éclairage, etc., fût confié à un corps spécial. M. Ayrton a réclamé la formation d’un seul parlement municipal pour toute la ville ; mais le projet de M. Mill a paru jusqu’ici le plus conforme au droit des contribuables, le mieux en rapport avec l’immense étendue de la surface, enfin le plus rassurant pour ceux qui craignent qu’un parlement municipal ne se transforme en une assemblée politique dangereuse. La réforme Consisterait à donner aux corps locaux existans, sans les changer, une tête et une vie régulière. Ce serait à peu près le gouvernement de la Cité pris pour modèle et étendu à la métropole entière, cette immense province bâtie.

Si l’opinion publique demande plus d’ordre et de simplicité dans les institutions municipales, elle réclame aussi plus d’énergie et d’ensemble dans les grands travaux. Le premier plan général d’améliorations est bien ancien ; il avait été fait avec beaucoup d’intelligence par sir Christophe Wren après le grand incendie de 1666. Sans remonter si haut, le plus remarquable ensemble de travaux à exécuter a été proposé par le comité du parlement nommé en 1838, et dont sir Robert Peel faisait partie ; mais depuis cette époque le public n’a pas cessé de réclamer, impatient de voir les projets devenir enfin des réalités. Il y a eu comme une véritable émeute d’opinion au sujet de la distribution de l’eau dans la ville en 1852, de l’éclairage au gaz en 1860, et il est résulté de ces mouvemens autant d’actes du parlement améliorant ces services. Après le choléra de 1854, l’insalubrité de la Tamise, l’insuffisance des égouts, devinrent une préoccupation générale, et le drainage de la métropole fut entrepris, travail gigantesque, presque terminé, qui se composera d’une canalisation de près de 1,400 milles, et aura coûté environ 103 millions, empruntés et payés au moyen d’une taxe de 3 deniers par livre d’impôts[1]. Les travaux extérieurs, l’élargissement, le percement, la continuation des rues et boulevards, la construction des édifices publics ou des établissemens scolaires et charitables[2], sont loin d’être aussi avancés à Londres qu’à Paris, et en 1869 M. Layard, alors ministre des travaux publics, a proposé

  1. Bazalgette, On the main drainage of London.
  2. Rapport sur les hôpitaux de Paris et de Londres, par MM. Ser et Blondel. — London, its growth, charitable agencies and wants, by Ch. Bosanquet, 1868.