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les présidens et des conseillers du parlement et de la cour des aides ; en 1690, l’archevêque de Paris leur fut adjoint. Cette organisation, qui, marchant un peu au hasard des circonstances, fit néanmoins beaucoup de bien et était célèbre dans Paris, où le peuple l’appelait le grand bureau, disparut avec la révolution ; le 13 avril 1791, tous les membres de la commission hospitalière remirent leur démission, qui fut acceptée. Moulinot, Thouret, Aubry, Dumesnil et Cabanis, qui les remplacèrent, furent des hommes de science et de bon vouloir, mais les conjonctures étaient plus fortes que les intentions les meilleures ; les disettes successives, la rareté croissante des espèces métalliques, ruinèrent tous les établissemens où l’indigence trouvait des secours et un abri. Pendant longtemps on vécut sans plan de conduite, sans règle déterminée ; on s’inspirait des occurrences présentes ; la brutalité des événemens faisait ajourner toute mesure définitive. On vivait d’empirisme ; le bien des pauvres, étayé jadis en grande partie sur des privilèges qu’on n’avait pas plus respectés que les autres, allait en diminuant de jour en jour ; pour subvenir à des besoins urgens, on vendait des rentes à des taux illusoires, les hospices tombaient de vétusté, l’administration était nulle ou mauvaise. C’est miracle que le système hospitalier n’ait point sombré tout entier. Il était dans un état pitoyable lorsque M. Frochot, préfet de la Seine, reprenant avec un grand courage tous les élémens dispersés et compromis, réussit à les grouper de façon à en faire un tout compacte qui pût servir de base à une organisation nouvelle.

Sur un rapport fort remarquable adressé par lui aux consuls, un arrêté fut rendu le 27 nivôse an IX (17 janvier 1801), qui créait un conseil général et une commission administrative des hospices ; un second arrêté du 29 germinal (19 avril) de la même année réunissait l’administration des secours à domicile aux attributions du conseil-général des hôpitaux. Ce système a été en vigueur jusqu’au jour où l’assistance publique en a pris la place. Il était conçu d’après la division des pouvoirs, qui est le principe même de l’administration française. Le conseil général représentait le pouvoir délibérant, et la commission était le pouvoir exécutif ; mais ces deux autorités, fonctionnant simultanément, détruisaient souvent l’unité d’action si indispensable en pareil cas ; de plus la constitution de 1848, afin d’éviter d’avoir à inscrire le droit au travail, pour lequel avaient voté des personnalités considérables, n’hésita point à faire de l’assistance un dogme obligatoire : « la société fournit l’assistance aux enfans abandonnés, aux infirmes et aux vieillards sans ressources et que leurs familles ne peuvent secourir. » En présence d’une déclaration si formelle, l’ancienne organisation devenait