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favorable à la déperdition lente et faible de cette même chaleur. Cependant ces propriétés de l’atmosphère des premiers âges, en les supposant vraies, obligent toujours de recourir à l’action d’un foyer calorique, sinon plus énergique que le nôtre, du moins disposé de façon à élever la température des régions polaires au niveau de celle de la zone équatoriale actuelle. Cette intensité partout égale et si longtemps persistante, l’épaisseur seule de l’atmosphère ne saurait la donner par suite de la longue obscurité des nuits du pôle, que rien ne peut compenser. En avançant du reste vers des temps plus modernes, on voit se développer des végétaux, comme les palmiers, qui s’accommodent à la fois de la chaleur et d’une vive lumière. La chaleur se maintient à peu près égale pour les hautes latitudes, alors même que l’atmosphère a enfin acquis la transparence qu’elle a depuis conservée. Les plantes tertiaires diffèrent si peu de celles des régions tropicales de nos jours, qu’elles n’ont pu vivre sous un autre ciel ; mais elles attestent en même temps la force du foyer calorique qui dans la première moitié de cet âge, étendait encore son influence sur l’Europe entière. Si rien n’avait été changé dans la situation respective de la terre et du soleil, de pareilles conditions auraient entraîné, malgré tout et d’où que vînt cette chaleur, la présence d’un climat et de saisons extrêmes, c’est-à-dire chaleur supra-torride à l’équateur, jour estival ardent, mais hiver sombre et glacé dans les régions polaires. Ces effets, nous le savons déjà, ne sont pas ceux que l’on observe en étudiant l’ancienne végétation polaire, où les indices d’une saison d’hiver des plus modérées ne font pas défaut jusque dans l’extrême nord. Dès lors c’est plutôt une cause d’égalisation climatérique qu’il s’agirait de déterminer, et la question se simplifie, du moins en apparence. L’inclinaison de l’axe sur le plan de l’orbite est actuellement, on le sait aussi, la cause unique de la diversité des climats et des saisons dans l’intérieur de chaque climat. Par conséquent il n’y aurait qu’à en supposer le redressement, au moins partiel, pour obtenir aussitôt l’égalité présumée, et, la densité atmosphérique venant en aide, le passé de notre globe se trouverait facilement expliqué. Il ne faut pas oublier néanmoins qu’en invoquant cette hypothèse on se heurte à d’insurmontables difficultés. Bien que la stabilité des lois astronomiques soit fondée principalement sur la connaissance de la structure récente de l’univers, et qu’à cet égard on ne puisse répondre d’événemens dont la trace se perd dans la nuit des temps, rien ne saurait autoriser non plus à croire sans preuve directe que le système solaire ait jamais cessé d’être régi par les mêmes lois qu’aujourd’hui. En effet, la direction de l’axe de rotation d’un corps céleste est immuable, si d’autres corps plus puissans ne viennent le solliciter en l’attirant dans un autre sens que celui de la rotation