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LA
DIPLOMATIE SECRETE
DE LOUIS XV

III.
L’ARMEE RUSSE EN POLOGNE[1]

La rentrée du comte de Broglie à la cour fut très brillante. Une vive curiosité l’y attendait, et il y parut vraiment le héros du jour. La dauphine se jeta avec effusion dans les bras du défenseur de ses parens chéris. A Versailles les courtisans, à Paris les nouvellistes, se pressaient autour de lui pour recueillir de sa bouche les détails du drame étrange dont il avait été tour à tour le spectateur indigné et le courageux acteur.

Cette faveur générale, les talens, l’énergie dont il avait fait preuve, semblaient désigner le comte pour exercer sur la direction du nouveau système politique une influence prépondérante. Tous ses sentimens paraissaient à l’unisson de ceux qui régnaient à la cour. On n’y respirait que vengeance contre Frédéric. Qui pouvait mieux partager et guider cette irritation que celui qui venait de braver à son quartier-général le perturbateur de l’Europe ? Un point important était en débat et divisait les conseillers de la couronne. Se bornerait-on à porter secours à l’Autriche attaquée en mettant à ses ordres et en rangeant sous ses drapeaux le corps de 24,000 hommes

  1. Voyez la Revue du 15 mai.