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dans ses entretiens avec les employés les renseignemens et les lumières dont il voulait faire son profit. De retour dans ses bureaux, il se mit sans désemparer à étudier la situation financière de l’empire. Lord Canning avait publié l’année précédente un budget, le premier qui eût paru depuis la fondation du pouvoir politique aux Indes, ce qui lui donnait une portée considérable : c’était une reconnaissance du droit qu’avaient les contribuables de savoir ce que l’on faisait de leur argent. Ce budget se soldait par un déficit de 5 millions de livres sterling, qui furent couverts par un emprunt et une augmentation des droits sur le sel et l’opium. Cependant ce budget ne représentait pas, à beaucoup près, la situation vraie du trésor de l’Inde. Peu de temps après son arrivée, M. Wilson publia un budget normal rectifié, qui portait le déficit à 9,500,000 livres sterling.

Les finances de l’empire étaient surchargées par les établissemens militaires, qui avaient pris des proportions énormes, et donnaient lieu à un coupable gaspillage. L’année et la marine absorbaient les ressources de l’état. La première, par le nombre des cipayes qu’elle renfermait, constituait un danger permanent, et les dépenses pour la marine étaient sans rapport avec les avantages que l’empire en retirait. Il n’y avait qu’un ministre nommé par la couronne et soutenu par l’opinion publique de la mère-patrie qui eût assez d’autorité pour opérer sur ces chapitres des réductions considérables. En avril 1857, peu de temps avant la révolte, l’armée se composait de 45,522 Européens et 266,852 indigènes, laquelle coûtait 12,750,000 livres sterling. En 1858-59, ce chapitre du budget s’est élevé à la somme énorme de 25,750,000 liv. sterl., ce qui présente un excédant de dépenses de 13,000,000 liv. sterl. L’armée était alors composée, en y comprenant la police militaire, de 353,783 hommes. Le contingent indigène s’était, augmenté de 60,000 hommes, tandis que celui des Européens avait subi une diminution considérable et très imprudente.

Une situation financière aussi tendue était un danger et une menace pour le pays. La ramener graduellement à un état normal devint la préoccupation incessante de M. Wilson. Il y travailla sans relâche, et ne se laissa pas intimider par les réclamations sans fin que ses réformes provoquaient. En 1859-60, les dépenses de l’armée présentent une diminution de 4,250,000, en 1860-61 une seconde diminution de 2,500,000 liv. sterl., et l’année suivante de 3,220,000 liv. sterl. ; mais ces réductions n’équilibraient pas pour cela les budgets. Celui de 1860-61 accuse 37,706,209 liv. sterl. de revenus et 41,770,008 de dépenses, soit un déficit de 4,063,799 liv. sterl., que les bénéfices des chemins de fer réduisent à 3,783,109 liv.