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successifs de la connaissance de ceux-ci à la connaissance des élémens anatomiques, des tissus, des humeurs, des organes, des systèmes. Elle part des principes immédiats toxiques, morbigènes et médicamenteux, et découvre la loi des diverses aberrations pathogéniques comme des influences curatives. Tous les organes animaux et tous les liquides de l’économie se résolvant en principes immédiats, toutes les métamorphoses de la santé et de la maladie se ramenant à des transformations de principes immédiats, tous les effets d’empoisonnement ou de guérison se réduisant à l’action de principes étrangers sur les principes normaux, bref, les actes les plus compliqués de la vie régulière ou dérangée s’expliquant en dernière analyse par les principes immédiats, on conçoit toute l’importance de ceux-ci. Du moment où les recherches médicales sont subordonnées à cette nécessité de ramener les faits à un tel point de départ, du moment où les expériences et les observations convergent vers cette lumière, tout s’ordonne, tout se range, tout prend une signification. Les incertitudes disparaissent. La science avance avec régularité, et la pratique avec sûreté. C’est ainsi que l’anatomie générale influe d’une façon salutaire et incessante sur le progrès de moins en moins lent de la médecine proprement dite.


IV

Ce qui précède n’est qu’un exposé de faits et de phénomènes dont la découverte est due la plupart du temps à l’emploi du microscope associé aux suggestions d’une raison éminente. La grande majorité du public ne connaît M. Robin que par là, et fait volontiers consister tout le mérite de ce savant dans ses travaux de micrographie. Elle se le représente comme un homme rompu aux minutieux et fastidieux détails et n’en sortant point, quittant malgré lui l’oculaire de son microscope, peu soucieux de philosopher et systématiquement indifférent aux doctrines. En effet, beaucoup de micrographes en sont là, et c’est le résultat le plus ordinaire du commerce trop assidu avec les infiniment petits. Par une rare exception, le contraire est arrivé à M. Robin. L’habitude de la réalité minutieuse et fastidieuse a grandi son esprit en l’éclairant, à tel point que ses ouvrages ont contribué pour une aussi forte part au progrès des idées qu’à celui des faits.

M. Robin a conçu que la biologie pouvait être renouvelée par la méthode, c’est-à-dire par l’introduction d’une logique rigoureuse dans les études sur la vie. Empruntant les idées de Blainville, d’Auguste Comte et de M. Chevreul sur ce difficile sujet, y ajoutant le fruit de ses méditations personnelles, il a systématisé les connaissances biologiques d’une façon probablement définitive. Il y a introduit en