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UNE
ELECTION D'EVEQUE
AU XIIe SIECLE

RAINAUD DE MARTIGNE, EVEQUE D'ANGERS.

Dans les premiers mois de l’année 1101, Geoffroy de Mayenne, évêque d’Angers, se démit de sa charge et se rendit à Cluny. Cette démission fut-elle volontaire ? On hésite à le croire. Selon quelques historiens, parmi lesquels un ancien chroniqueur de l’abbaye de Saint-Aubin[1], Geoffroy fut déposé par le pape comme trop ignorant ; selon d’autres, il s’était fait tant d’ennemis par son humeur dure et agressive, que, redoutant les suites de divers procès engagés devant la cour de Rome, il préféra devancer la justice des commissaires apostoliques, et aller finir sa vie sous la robe d’un moine. A la nouvelle de son départ, la ville d’Angers fut en proie à une vive émotion. Il s’agissait en effet d’élire un autre évêque, et c’était alors l’affaire de tous, des clercs et des moines, des chanoines séculiers, réguliers, du peuple entier des laïques. L’évêque n’étant pas seulement le chef spirituel du diocèse, mais étant aussi le seigneur temporel de la ville, personne ne pouvait rester indifférent au choix de ce magistrat religieux et civil. C’est pourquoi tout le monde était ordinairement curieux de prendre part à

  1. Chroniques des églises d’Anjou, publiées par MM. Marchegay et Mabille, p. 27.