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volume d’oxygène dégagé est toujours moindre dans les rayons colorés que dans la lumière blanche. Les rayons orangés lui semblèrent les plus énergiques ; ensuite venaient les rayons, bleus. Quelques années plus tard, Gardner, en Virginie, exposa aux divers rayons du spectre de jeunes plantes étiolées, longues de 5 à 7 centimètres, et il reconnut qu’elles reverdissent avec une rapidité maximum sous l’action des rayons jaunes et des rayons voisins. Dans une de ses expériences, la coloration verte fut obtenue avec les rayons jaunes en trois heures et demie, avec les orangés en quatre heures et demie, avec les bleus seulement au bout de dix-huit heures. On voit par là que la plus grande énergie de l’action solaire sur les végétaux ne correspond ni au maximum de chaleur, qui est placé à l’extrémité du rouge, ni au maximum d’intensité chimique, qui est à l’autre extrémité du spectre, c’est-à-dire dans le violet. Les radiations les plus actives, au point de vue chimique sont celles qui influent le moins dans les phénomènes de la vie végétale.

M. Draper, aujourd’hui professeur à l’université de New-York et auteur d’une très remarquable Histoire du développement intellectuel de l’Europe, entreprit à la même époque de nouvelles recherches plus précises. Il mit des brins d’herbe dans des tubes remplis d’eau chargée elle-même de gaz carbonique, et il exposa ces tubes les uns près des autres aux divers rayons du spectre solaire. Mesurant ensuite la quantité de gaz oxygène dégagée dans chacun de ces petits appareils, il constata que la plus grande production gazeuse avait eu lieu d’abord dans les tubes exposés à la lumière jaune et verte, puis dans les rayons orangés et rouges. En 1848, MM. Cloëz et Gratiolet découvrirent ce fait singulier, que l’action de la lumière sur la végétation est plus grande quand elle a traversé un verre dépoli que quand elle a traversé un verre transparent. M. Julius Sachs, plus récemment, a eu l’idée de mesurer le degré d’intensité de l’action de la lumière sur les plantes aquatiques en comptant le nombre de bulles gazeuses qui se dégagent de la coupe d’un rameau qu’on expose au soleil dans l’eau chargée d’acide carbonique. Il a observé ainsi que les bulles produites sous l’influence de la lumière orangée ne sont guère moins nombreuses que dans la lumière blanche, tandis que le rameau soumis à la lumière bleue donne un dégagement environ vingt fois moindre. Ces expériences sont décisives. Ni les rayons chimiques, ni les rayons calorifiques du faisceau solaire n’agissent sur les plantes. Les rayons lumineux seuls, et principalement les jaunes et les orangés, ont cette propriété. À ces résultats solidement établis, M. Gailletet a pu ajouter un fait nouveau, à savoir que la lumière verte se comporte comme l’obscurité à l’égard