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des rudimens d’embryons. Il mit ensuite des têtards de crapauds dans de grands vases, les uns inaccessibles à la clarté du jour, les autres transparens. Les têtards qui étaient éclairés se métamorphosèrent promptement pour revêtir la forme adulte, tandis que les autres, ou bien demeurèrent à l’état de têtards, ou bien ne passèrent qu’avec une extrême difficulté à l’état d’animaux parfaits. Trente ans plus tard, M. Moleschott fit plusieurs centaines d’expériences pour rechercher comment la lumière modifie la quantité d’acide carbonique exhalé dans la respiration. En opérant sur des grenouilles, il trouva que le volume de gaz exhalé sous l’influence du jour est supérieur d’un quart au volume exhalé dans l’obscurité. Il constata d’une façon générale que la production d’acide carbonique s’accroît proportionnellement à l’intensité de la lumière. Ainsi, pour une intensité lumineuse représentée par 3,27, on obtenait 1 d’acide carbonique, et pour une intensité de 7,38, on en obtenait 1,18. Le même physiologiste pense que chez les batraciens l’activité de la lumière se transmet en partie par la peau, en partie par les yeux.

M. Jules Béclard a fait des recherches plus complètes. Des œufs de mouche ordinaire pris dans un même groupe et placés en même temps sous des cloches diversement colorées donnent tous naissance à des vers. Cependant, si au bout de quatre ou cinq jours on compare les vers nés sous les cloches, on remarque parmi eux de notables différences. Les vers les plus développés correspondent au rayon violet et au rayon bleu. Les vers éclos dans le rayon vert le sont beaucoup moins. Les rayons rouge, jaune et blanc exercent une action moyenne. Une longue série d’expériences sur les oiseaux a montré à M. Béclard que la quantité d’acide carbonique formée par la respiration en un temps donné n’est pas sensiblement modifiée par les diverses cloches colorées sous lesquelles on a placé ces animaux. Il en est de même pour les petits mammifères tels que les souris ; mais il est à remarquer ici que la peau est couverte, soit de plumes, soit de poils, et que la lumière ne frappe pas à la surface. Le même physiologiste a examiné aussi l’influence des divers rayons colorés du spectre sur les grenouilles. Dans le rayon vert, un même poids de grenouilles produit en un même laps de temps une quantité d’acide carbonique plus considérable que dans le rayon rouge. La différence peut être de plus de moitié ; elle est généralement d’un tiers ou d’un quart en sus ; mais si ensuite on enlève aux grenouilles leur peau et si on les replace dans les mêmes conditions, le résultat change. La quantité d’acide carbonique produite par les grenouilles dépouillées est plus considérable dans le rouge que dans le vert. Un petit nombre d’essais tentés par M. Béclard sur l’exhalation cutanée de la vapeur d’eau montrent que, dans