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LA
TRAITE DES ESCLAVES
EN EGYPTE ET EN TURQUIE

I. La Traite orientale, histoire des chasses à l’homme organisées en Afrique depuis quinze ans pour les marchés de l’Orient, par M. Berlioux, Lyon, 1870. — H. Die katholischen Missionen und der Menschenhandel am Weissen Fluss, par le Dr Hartmann, Berlin, 1861. — III. Briefe aus Chartum, par M. de Heuglin, Gotha, 1864.

Le résultat le plus décisif de la guerre de la sécession américaine a été de fermer à la traite des esclaves le seul grand état civilisé qui restât encore affligé de cette plaie sociale. Cette importante victoire de l’humanité a permis d’étudier la question de l’esclavagisme sur un terrain nouveau, que, pour des raisons diverses, on était généralement convenu de n’aborder qu’avec une extrême circonspection. Je veux parler des états d’Orient. Les avocats de l’esclavage oriental avaient affirmé si souvent l’impossibilité pour des écrivains européens d’en parler avec connaissance de cause, que le public s’était habitué à les croire sur parole, d’autant mieux qu’au fond la question ne le touchait pas beaucoup. Si l’opinion publique aujourd’hui se réveille un peu de cette indifférence regrettable, c’est qu’on a fini par comprendre que la traite et l’esclavage affectent indirectement, mais sérieusement, bien des intérêts européens. Ce nouveau point de vue n’a été qu’effleuré par l’auteur du livre tout récent que nous avons cité en tête de ces pages ; il est évident que M. Berlioux a été inspiré surtout par les raisons de droit et d’humanité. Son livre d’ailleurs est un état de