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richesse que possède notre agriculture, mais qui restent à l’état latent jusqu’au moment où des moyens de circulation faciles et économiques viennent lui ouvrir les débouchés dont elle a besoin.

La situation des lignes d’intérêt commun est aussi très satisfaisante, bien que le réseau soit un peu moins avancé. Sur 82,000 kilomètres, 63,000 sont viables, 6,000 sont en construction ; le surplus (14,000 kilomètres) est encore en lacune. On voit que la tâche est déjà aux trois quarts accomplie. En 1861, une subvention de 25 millions est venue hâter dans des proportions considérables l’achèvement de « l’œuvre ; une nouvelle allocation-de 15 miHions inscrite dans la loi de 1868 permettra de la poursuivre sans désemparer. La création de ces deux réseaux est déjà en elle-même un immense bienfait pour les populations des campagnes ; de plus, et par l’effet d’une disposition de la loi de 1836, elle se lie intimement à la construction des chemins vicinaux ordinaires. Cette loi en effet a permis de prélever au profit de la grande et de la moyenne communication une partie des ressources de la vicinalité. A mesure que l’exécution des deux premiers réseaux s’avance, ces prélèvemens deviennent inutiles, et les ressources sont reportées en masse sur les lignes d’un ordre inférieur. L’achèvement des chemins de grande communication, le développement rapide des lignes d’intérêt commun, en donnant une première et importante satisfaction au pays, préparent donc un progrès nouveau par l’accroissement du budget affecté au troisième réseau, c’est-à-dire aux chemins vicinaux ordinaires.

Le premier soin de l’administration, lorsqu’elle s’est décidée à poursuivre avec vigueur l’achèvement de cette dernière catégorie de chemins, a été de préciser le terrain sur lequel elle allait opérer. Les classemens faits à diverses époques par les conseils municipaux résultaient de mesures individuelles, prises en dehors de toute vue d’ensemble. Aussi s’étaient-ils multipliés à l’excès, englobant dans les voies vicinales tantôt de simples sentiers d’exploitation, tantôt des lignes d’un intérêt douteux ou du moins fort restreint. S’imposer l’obligation d’entreprendre cet immense réseau sans l’avoir soumis à une révision, sans distinguer ce quittait utile et urgent de ce qui pouvait être ajourné, c’eût été tenter l’impossible. Déjà, dans plusieurs départemens, cette révision s’était opérée sous la seule pression de circonstances locales ; en y procédant d’une manière générale et méthodique, on a éliminé toutes les lignes dépourvues d’intérêt véritable pour concentrer l’action sur celles qui étaient réclamées par des. besoins sérieux.

On a vu plus haut que la longueur totale des chemins ordinaires