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données constatées par les agens les plus compétens. Quant à l’évaluation des ressources, elle présente un caractère aléatoire. Toutefois le chiffre des recettes normales de la vicinalité a pu être déterminé avec certitude d’après les exercices antérieurs ; d’autre part la réalisation de la subvention de l’état ne peut faire doute, et n’est assujettie à aucune autre formalité que l’inscription successive au budget des crédits déjà alloués en principe. Il n’y a donc de conjectural dans les prévisions que deux élémens : en premier lieu, le contingent présumé que les communes pourront fournir en dehors des ressources spéciales, et en second lieu les allocations des départemens.

Les sacrifices extraordinaires des communes, les dons et souscriptions en argent, en terrain, en travail et en matériaux, s’élèvent dès la seconde année à une somme de 75 millions. Ce chiffre est sans doute fort au-dessous des 200 millions prévus ; mais il paraîtra considérable, si l’on réfléchit qu’il représente, à la deuxième échéance de la période décennale, le tiers du contingent total, et qu’un certain nombre de conseils municipaux, ne voulant pas engager l’avenir financier de leur commune, inscrivent chaque année au budget la dépense spéciale afférente à l’exercice et la ressource correspondante plutôt que d’envisager dès le début, comme quelques autres, l’ensemble de la période. En ce qui concerne les conseils-généraux, les résultats déjà acquis répondent aux espérances les plus larges : ces assemblées, qu’anime un esprit si sage et qui sont si profondément initiées aux besoins des habitans des campagnes, ont accordé leur concours avec un empressement véritable : l’apport de 100 millions qu’on attendait des départemens est déjà fourni, et, dans le cours des années suivantes, il sera certainement dépassé. Si l’on fait la récapitulation de ces diverses ressources, on arrive à la somme de 550 millions environ[1], qui, rapprochée de l’estimation de la dépense, ferait ressortir un déficit de près de 300 millions ; mais ce déficit n’est qu’apparent, car dans le calcul on ne tient compte que des ressources déjà certaines, déjà acquises d’une manière positive à l’entreprise, sans y ajouter celles qui seront successivement créées dans le cours de la période décennale, et dont l’importance ne saurait être douteuse, bien que le montant n’en puisse encore être connu. Si, comme le fait le rapport ministériel, on appréciait l’ensemble de la période d’après l’exercice 1869, le déficit se trouverait déjà réduit à 150 millions.

  1. Cette somme se décompose ainsi : concours de l’état 100 millions, concours des départemens 100 millions, concours des communes (ressources ordinaires) 275 millions, concours des communes (sacrifices extraordinaires) 75 millions : total, 530 millions.