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Ce dernier chiffre paraît encore fort au-dessus de la réalité, car les communes sont bien loin d’avoir absorbé les fonds mis à leur disposition par la caisse des chemins vicinaux. Il est manifeste qu’elles y puiseront plus largement lorsque les conseils municipaux se seront familiarisés avec le mécanisme de la caisse et avec les conditions si avantageuses qu’elle leur offre.

Les prévisions primitives, quant à la création des ressources, sont donc déjà justifiées en partie, et tout annonce qu’elles se réaliseront complètement dans le cours de la période décennale. Il nous reste à indiquer quel a été (en travaux, et au point de vue de l’avancement effectif du réseau, le résultat de la campagne de 1869. La longueur du réseau à construire avait été fixée à 140,000 kilomètres environ ; mais, pour amener à l’état complet d’entretien un assez grand nombre de ces chemins, il suffisait de quelques opérations complémentaires destinées à régulariser l’assiette ou la largeur de la voie. Ces travaux, peu compliqués et peu dispendieux, ont été exécutés, dans le courant de 1868. A la fin de cette même année, la longueur en lacune se réduisait à 108,000 kilomètres ; elle n’est plus, à la fin de 1869, que de 102,000 kilomètres. La longueur livrée à la circulation en 1869 s’élève donc à 6,000 kilomètres, et à 7,000, si l’on y comprend les chemins déjà ouverts qui ont été amenés à l’état d’entretien complet. Ce chiffre paraît au premier abord peu élevé ; si en effet on devait le prendre pour moyenne, on n’arriverait à construire que 70,000 kilomètres en dix ans, soit les deux tiers de la longueur qui reste à construire ; mais l’exercice 1869 ne saurait être regardé comme une année normale. Les agens-voyers n’avaient pu encore rédiger les projets, ni les communes négocier avec la caisse pour se procurer des fonds ; les travaux en général ont été commencés tardivement. Il n’est pas douteux que les résultats des années ultérieures ne puissent être de beaucoup supérieurs à ceux qu’a donnés cette première campagne.

Faut-il conclure de cette dernière observation qu’une période de dix ans suffira pour le complet achèvement de l’ensemble du réseau ? Il est permis d’en douter, et le rapport ministériel est loin d’être affirmatif sur ce point. Si l’on remarque en effet qu’à côté des chemins vicinaux ordinaires on entreprend dans plusieurs départemens des chemins de fer d’intérêt local, et que dans presque tous on a encore à terminer les lignes de grande communication et à poursuivre les lignes d’intérêt commun, si l’on réfléchit à la multiplicité des ateliers à ouvrir, si l’on calcule le temps nécessaire pour préparer les projets, organiser les prestations, diriger les chantiers, on est amené à penser que le terme de dix ans est bien