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LE
MARQUIS DE POMBAL

Le Marquis de Pombal, esquisse de sa vie publique, par Francisco Luiz Gomès, député aux cortès de Portugal, membre de la Société d’économie politique de Paris.

Il y a dans le XVIIIe siècle un certain type de chef d’état, prince ou ministre dirigeant, qu’on retrouve avec des variantes chez la plupart des peuples de l’Europe, et dont le système est celui qui s’appelle aujourd’hui le despotisme éclairé, désormais décrié dans l’Europe occidentale. Ce système consiste à vouloir sincèrement le bien du peuple, mais à le faire sans son concours direct, sans sa participation au gouvernement par le moyen de représentans élus. On vit alors successivement dans la plupart des états passer à la tête des affaires, comme roi ou comme premier ministre, un réformateur appliqué à détruire la suprématie de la noblesse et du clergé, en se fondant sur ce que la première était portée à s’attribuer une partie des prérogatives du gouvernement au détriment de la royauté et pour son avantage propre, tandis que le second aspirait à diriger la société en restant lui-même assujetti à la consigne d’un souverain étranger, qui, la triple couronne sur la tête, se considérait comme le roi des rois.

Dans cette donnée, c’était comme un mot d’ordre généralement suivi de susciter par des moyens plus ou moins artificiels, à défaut d’autres mieux entendus et plus efficaces, le développement de l’agriculture, du commerce et des manufactures, afin d’augmenter la richesse des peuples et les ressources de l’état dont le prince disposait sans contrôle. On trouvait bon de répandre l’instruction, parce qu’elle sert à former une opinion publique qui peut balancer