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Horreur ! et voilà bien des siècles qu’on dépense
Esprit et cœur pour en arriver là,
Pour voir recommencer avec plus de science
L’œuvre sans nom des hordes d’Attila !


AUX ALLEMANDS.


Qu’as-tu fait, Allemagne ? En ce conflit nouveau,
Tu t’es mise à la suite
D’un féroce ministre et de son roi dévot,
Bombardeur hypocrite !
Toi que l’on estimait parfum d’honnêteté
Et fleur de poésie,
Tu n’avais dans le cœur, sous masque de bonté,
Que basse jalousie !
Servante du Prussien, tu lui prêtas tes bras
Quand sa troupe sauvage,
S’épandant sur nos champs, y porta le trépas,
La flamme et le ravage ;
Tu mêlas ton épée aux glaives assassins
De ces hardis Vandales,
Et pris secrète part à tous les noirs desseins
Des bandes féodales !
Et pourquoi ? Dans l’espoir qu’au vil démembrement
De la France éventrée
Tes petits rois vautours seraient tous amplement
Admis à la curée !
Tes républicains même, ivres de la beauté
De cette boucherie,
Muets presque tous, ont à peine protesté
Contre la barbarie !
Ah ! que le temps s’écoule, il n’effacera pas
Cette action coupable ;
Elle marque ton front entre tous les états
D’une tache effroyable.
Pour des siècles sans nombre elle nous laisse au cœur
Une peine infinie
Dont nulle douce paix n’amoindrira l’ardeur,
Perfide Germanie !