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l’administration des pompes funèbres fait usage depuis cinq ou six ans, dans tous les cas de maladies épidémiques, d’un mélange d’acide phénique et de sciure de bois. L’assistance publique l’emploie beaucoup aussi dans les hôpitaux. Cependant il n’est pas encore assez répandu, et nous espérons qu’on n’hésitera pas, durant le siège de Paris, à s’en servir plus fréquemment. Associé au chlore, ce mélange rendra les plus grands services, car, ainsi que l’a dit M. Dumas dans les observations judicieuses qu’il a faites ces jours derniers à l’Académie des Sciences, désinfecter et assainir font deux. Le chlore désinfecte, l’acide phénique assainit. L’emploi de ces deux substances devra donc être journalier dans les casernes, les hôpitaux, et en général dans tous les établissemens où sont agglomérés beaucoup d’individus. L’odeur n’en est pas très agréable, mais au moins elle est salutaire.

L’eau ne nous manquera pas, et c’est heureux, car c’est une des principales sources de salubrité. L’ennemi a coupé, il est vrai, les eaux de la Dhuis et de l’Ourcq, mais les autres prises sont à l’abri de ses atteintes. Des machines à vapeur fixes et locomobiles ont été installées sur divers points de la berge de la Seine pour remplir d’eau les tonneaux d’arrosage. L’arrosage des rues et des boulevards contribue pour une grande part à la fraîcheur et à la pureté de l’atmosphère en retenant dans le sol les poussières de toute sorte. Le service si important de l’extinction des incendies n’est pas moins assuré. Tous les locataires des étages supérieurs des maisons sont tenus d’avoir chez eux des seaux pleins en prévision de l’embrasement produit par l’explosion des bombes. Sitôt l’explosion terminée, le feu se déclare, mais très lentement, et il n’y a nul danger à l’aller immédiatement éteindre.

L’eau de la Seine, bien filtrée, fournit une boisson très potable. Nous avons en outre l’eau des puits ; l’administration municipale a fait curer les anciens puits pour en tirer parti et en a creusé de nouveaux. Un honorable industriel, M. Say, a mis à la disposition du public un puits artésien d’un débit très considérable, et qui sera d’une grande ressource pour les habitans. Malgré cela, on devra économiser cette eau le plus possible.

L’hygiène des habitations appelle la sollicitude particulière des citoyens. Une ventilation active et énergique, c’est-à-dire une aération constante des appartemens, leur est recommandée par la commission d’hygiène. L’air qui ne se renouvelle pas est très rapidement vicié par les gaz et toutes les émanations du corps humain ; il devient alors irrespirable et propre à favoriser le développement des germes malsains. On aura soin de ne pas brûler de charbon à découvert soit dans l’intérieur des appartenons, soit dans les corridors, à cause du gaz toxique qui s’en exhale, et de n’opérer cette combustion que sous une cheminée. Toutes les parties de la maison doivent être journellement lavées à fond