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1818 et de 1833. Le rapport était terminé depuis le 20 décembre 1839, quand les événemens d’Orient forcèrent le ministère à reprendre l’œuvre interrompue.

Les conclusions de ce rapport, rédigé par le général Dode de la Brunerie, méritent d’être citées. « L’application simultanée des deux systèmes, étant ainsi arrêtée en principe, la commission a cherché quelles étaient les conditions auxquelles chacun d’eux devait satisfaire, elle a estimé que l’enceinte continue devait embrasser la plus grande partie des faubourgs et se combiner avec la nouvelle enveloppe que la ville de Paris aurait un grand intérêt à établir pour les comprendre dans son octroi, qu’il était indispensable que le profil de cette enceinte la mît non-seulement à l’abri d’une escalade, mais encore en état de résister à des batteries ennemies qui s’établiraient momentanément entre les forts. La commission a reconnu aussi que les forts détachés étaient destinés à favoriser la défense active. D’après ces diverses considérations, la commission a formulé son avis ainsi qu’il suit : 1° qu’il soit élevé une muraille d’enceinte, flanquée, surmontée d’un chemin de ronde crénelé, enveloppant les plus grandes masses d’habitations des faubourgs extérieurs de Paris, avec fossés là où cette disposition sera nécessaire ; que le tracé de cette muraille embrasse les hauteurs qui dominent la ville, en suivant les directions les plus favorables à la défense, eu égard à la configuration du terrain qu’elle soit assez haute pour être à l’abri de l’escalade, et assez épaisse pour ne pouvoir être ouverte qu’avec des batteries de siège ; qu’il soit établi, sur les parties de cette enceinte où le besoin s’en fera sentir, des bastions susceptibles d’être armés d’artillerie pour la flanquer, couvrir de leurs feux ses approches et éclairer, autant que cela sera possible, la gorge des ouvrages extérieurs qui formeront la première ligne de défense ; 2° qu’il soit construit en avant et autour de cette enceinte, notamment à la rive droite de la Seine, sur tous les points les plus favorables à la défense, des ouvrages en état de soutenir un siège. »


II.

Tel était le dernier avis des hommes spéciaux, quand on apprit la signature du traité de Londres. Le duc d’Orléans songea sur-le-champ aux fortifications de Paris. Auprès de lui se trouvait un des hommes les plus compétens de l’arme du génie. Il lui fit part de sa pensée, et lui demanda comment il en concevrait l’exécution. Le commandant de Chabaud-la-Tour, déjà mêlé en 1883 aux premiers travaux, traça tout aussitôt devant le Jeune prince les lignes principales du grand système défensif qui devait, suivant lui, entourer