Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 89.djvu/679

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cédés, et qui garantissait à son tour la couronne espagnole à Philippe V et à ses descendans ; une convention particulière assurait de plus à l’Angleterre le monopole de l’importation des nègres dans l’Amérique espagnole et des conditions de commerce avantageuses avec les Indes. Entre la France et la Savoie, une délimitation des provinces alpines était arrêtée à leur commune satisfaction ; le duc obtenait, avec la dignité royale, la Sicile, qu’il échangea plus tard contre la Sardaigne, et la succession d’Espagne lui était promise à l’extinction de la descendance de Philippe V. La France consentait à une nouvelle délimitation de ses colonies voisines de celles des Portugais dans l’Amérique méridionale. Le Portugal obtenait aussi de l’Espagne des avantages commerciaux. L’ancien électeur de Brandebourg était reconnu comme roi de Prusse et souverain de Neufchâtel ; il cédait à la France ses droits litigieux sur la principauté d’Orange, et l’Espagne lui abandonnait le duché de Gueldre. Le règlement des affaires concernant les états italiens occupés par les impériaux et les états allemands des princes alliés de la France, tels que les électeurs de Bavière et de Cologne, fut renvoyé forcément à la paix future avec l’empire.

Mais le plus important des traités était celui de, la France avec l’Angleterre. Louis XIV y reconnut la succession à la couronne d’Angleterre dans la maison de Hanovre, et promit d’éloigner l’héritier prétendant des Stuarts du territoire français ; il renouvelait la renonciation absolue au cumul des couronnes d’Espagne et de France, et consentait à des avantages de commerce pour l’Angleterre. Dans le traité entre la France et la Hollande, il était stipulé en outre que la maison de Bourbon était à jamais exclue de toute souveraineté dans les Pays-Bas, par quelque voie qu’elle pût y arriver, succession, achat ou conventions matrimoniales. Ainsi la France fut replacée pour sa frontière du nord, si bien fortifiée par Vauban, et pour sa frontière de l’est, conquise à la paix de Westphalie, au point où l’avait placée le traité de Riswyck ; pour sa frontière du sud, elle acquit la sécurité d’un voisinage ami intimement lié à son intérêt territorial et monarchique, en même temps qu’une influence notable sur les rives de la Méditerranée, où la maison de Bourbon allait posséder de si vastes domaines.

La guerre continua sur le Rhin entre l’empereur et la France ; le prince Eugène et Villars s’y retrouvèrent en présence à l’ouverture de la campagne de 1713. L’avantage s’y maintint au profit de la France, qui occupa Spire et Worms, conquit Landau après deux mois de siège et s’empara de Fribourg après deux actions éclatantes et un siège difficile, après quoi, l’empire, se trouvant isolé en Europe et sérieusement menacé sur la rive droite du Rhin, prêta l’oreille à des propositions pacifiques. Les deux illustres généraux qui