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LES
ANIMAUX DISPARUS
DEPUIS LES TEMPS HISTORIQUES

Tous les êtres, se trouvant exposés à des périls plus ou moins nombreux, sont en lutte perpétuelle pour défendre leur vie. Ils ont à redouter les intempéries des saisons, ils peuvent succomber, si les alimens ne se rencontrent pas en quantité suffisante ; des herbivores deviennent fatalement la proie des carnassiers, et quand aucune victime ne semble nécessaire, des combats meurtriers s’engagent pour l’occupation d’une place ou la conquête d’un butin. La destruction est une loi de la nature, mais cette destruction demeure contenue dans certaines bornes ; à côté des hasards qui sans cesse menacent l’existence de chaque créature, tout est mis en œuvre pour assurer la perpétuité des espèces. L’instinct de la conservation, qui pousse impérieusement les individus à fuir le danger et à rechercher la satisfaction des besoins matériels, permet à beaucoup d’échapper aux accidens. Si les causes de mort violente varient dans les plus larges limites entre les espèces animales, elles sont toujours en rapport avec des causes protectrices. La fécondité, restreinte chez les êtres puissans, encore mesurée chez ceux qui ont à craindre les atteintes des plus forts, est prodigieuse chez les faibles, qui sont condamnés à offrir une foule de victimes. Ainsi la disparition complète d’une espèce n’est possible qu’avec des conditions tout à fait exceptionnelles. En général, l’espèce détruite sur un point continue à se propager sur un autre ; abondante à une époque, elle est rare dans un autre temps, si les circonstances ont été défavorables. Cependant elle n’a pas cessé d’être représentée en quelque coin du monde. A cet égard, la certitude est acquise par des observations précises et très multipliées. Depuis le jour où les derniers