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d’être favorable à la conservation des chevaux : les rations et les exercices sont réglés sur la taille réglementaire, de sorte que les chevaux trop grands ne sont pas assez nourris, et que ceux qui manquent de taille se fatiguent pour suivre le régiment. On a surtout remarqué les inconvéniens du défaut d’uniformité dans les chevaux après les réquisitions, alors que les besoins des services et la rareté des animaux ne permettent pas de les assortir convenablement.

Le service de l’artillerie et du train des équipages doit être monté en chevaux bien corsés et cependant légers, pouvant soutenir l’allure du trot, tout en traînant de lourdes charges. La Bretagne, principalement le département des Côtes-du-Nord et celui du Finistère, en fournit un nombre considérable. Sobres, doux, très propres au service qui leur est réservé, quoique laissant à désirer au point de vue des allures, les chevaux bretons résistent aux intempéries, supportent les grandes fatigues, et ne manquent ni de vigueur ni de vitesse, s’ils ont été élevés dans des fermes où on les nourrit au grain, ou, comme on dit, engrainés chez les industriels qui les utilisent. Les chevaux bretons constituent la seule race française qui n’ait pas été modifiée par les croisemens, qui conserve les caractères du type aborigène.

Sans parler des chevaux carrossiers du Conquet et de Lamballe, ni des chevaux de selle de Carhaix, ni des bidets du Morbihan et de la Loire-Inférieure, la Bretagne élève deux sortes de chevaux : les postiers, que nous venons de décrire, nombreux surtout dans le Finistère, et des chevaux de gros trait, que l’on trouve principalement dans les arrondissemens de Lannion, de Guingamp. Les premiers seuls conviennent pour l’armée, et parmi eux les meilleurs sont achetés par les compagnies d’omnibus ou par des industriels qui les paient plus cher que ne le fait l’administration de la guerre. Les dépôts de remonte de Guingamp et de Morlaix servent de débouchés aux productions des départemens d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-du-Nord, du Morbihan et du Finistère.

Beaucoup plus que le breton, le cheval percheron réunit l’élégance des formes à l’aptitude au trait rapide. Tel qu’il est aujourd’hui, il constitue une race toute nouvelle ; la plupart des anciens hippiatres parlaient à peine du cheval percheron, et il n’y a pas longtemps encore qu’on le donnait comme une variété de la race bretonne. Il s’en distingue par sa tête plus longue, par ses hanches plus sorties, sa croupe moins oblique et surtout par plus de finesse dans les membres. C’est depuis un demi-siècle la race de trait à la mode ; tous les pays, l’Amérique, l’Égypte, la Russie, l’Allemagne, lui ont emprunté des types améliorateurs. Un bon cheval percheron né de parens ayant les caractères du type, élevé comme on élève les