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l’économie. Il suffira d’en détacher les traits essentiels. Le tableau comprend deux grandes divisions, les fabriques du nord, les fabriques du sud ; il va de soi que les premières sont prépondérantes. Le nord comprend 693 filatures qui mettent en jeu 6,452,974 broches, emploient 398,433,134 livres américaines de coton à raison de 61,46 livres par broche, avec un numéro moyen de filature de 27 3/4. Deux états sur quinze, le Massachusetts et le Rhode-Island, absorbent à eux seuls la moitié de ces quantités. Le premier emploie 2,395,050 broches, le second 1,082,376 broches avec 35 1/4 pour numéro moyen de filés, qui est le maximum du travail moyen par état. Au-dessous des deux vétérans de la fabrique du nord, il n’y a guère de place que pour le New-Hampshire, le Connecticut, le New-York et la Pensylvanie avec des chiffres légèrement inférieurs, enfin le New-Jersey, qui, opérant sur de petites quantités, se relève par la finesse des fils. Dans cette nomenclature, on a l’état-major de l’industrie du coton ; le reste se compose d’appoints dont les plus pauvres appartiennent à la fabrique du sud. Ici la qualité décroît avec le nombre ; la plus forte filature n’atteint pas 90,000 broches, et le total pour les dix états est de 247,557 broches. Quant aux numéros des filés, on descend entre 15 et 8, types des fabrications les plus communes. L’ensemble, nord et sud compris, aboutit à une production résumée par les chiffres suivans : 6,700,557 broches, employant 434,293,883 livres américaines de coton.

Il importait d’autant plus que ces chiffres fussent fixés avec une autorité suffisante, avec une précision à l’abri de tout débat, que les évaluations fournies jusqu’à présent par les annuaires et les statistiques étaient plus arbitraires et plus contradictoires. L’intérêt, la passion, l’esprit de parti, s’y donnaient toute carrière. Quelques documens portaient à 15 millions le nombre des broches montées par la manufacture américaine, d’autres disaient 12 millions, les plus modestes se réduisaient à 9 millions. On sait maintenant à quoi s’en tenir ; c’est moins de 7 millions de broches. Rien de plus significatif dans ce nombre que la proportion minime pour laquelle le sud y figure. Il y avait là pourtant une légitime revanche à prendre contre le nord, un moyen d’atténuer les préjudices de la guerre. Quel siège plus naturel pour la manufacture du coton que la contrée où on le cultive, où, malgré l’abolition de l’esclavage, la main-d’œuvre et les denrées sont restées à plus bas prix que dans les autres parties de la confédération ? Les versans orientaux des monts Cumberland ne manquent pas de chutes comparables à celles du Merrimack, et fallût-il employer la vapeur pour les suppléer en tout ou partie, ce qui est le cas pour les usines les plus favorisées, le sud a les moyens d’y pourvoir dans des conditions qui