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des lieux salubrés une partie des ouvriers qui étaient agglomérés dans les villes.

Un nouveau sacrifice de 1 million de liv. sterl. sur le papier et de 900,000 liv. sur les douanes devait réduire le revenu de 1860 à 57,600,000 livres sterling, et le déficit se trouvait ainsi porté de 10,600,000 liv. st. à 12,500,000 livres. M. Gladstone pensait qu’il convenait de le couvrir d’abord en maintenant les surtaxes sur le thé et sur le sucre. Ces surtaxes, faisait-il observer, ne gênaient en rien le commerce, elles n’avaient même pas empêché la consommation des deux denrées qu’elles frappaient de s’accroître ; du reste, comme les classes ouvrières doivent aussi bien que les autres supporter leur part des charges nationales, il était à désirer qu’elles y contribuassent « sous une forme qui en voilât le poids à leurs yeux. » 2 millions de livres sterl. étaient ainsi retrouvés. Le ministre était également d’avis que l’income-tax fût renouvelé pour un an seulement au taux de 10 deniers pour les revenus au-dessus de 150 liv. st., de 7 deniers pour ceux au-dessous, et le produit, dont les termes de recouvrement devaient être rapprochés, était évalué à 10,500,000 liv. st. Enfin il espérait 500,000 liv. st. de deux nouveaux droits, dont l’un, dit penny package, serait perçu à titre d’enregistrement sur toutes les marchandises importées, et dont l’autre frapperait aussi à l’entrée la chicorée et tous autres végétaux qui, réduits en poudre, pouvaient être consommés comme café et faire concurrence à cette denrée.

Ces divers moyens convertissaient le déficit en un excédant de ressources de 600,000 liv. st. ; mais le plan ministériel rencontra dans les deux chambres la plus vive opposition. On lui reprocha de réduire inopportunément le revenu ordinaire en présence d’une aggravation des charges publiques, puis de tromper les espérances légitimes du pays en maintenant l’income-tax à un taux aussi élevé. Néanmoins le courant qui entraînait vers de nouvelles réformes économiques l’emporta, et le projet fut voté par la chambre des communes à une majorité considérable. Il n’en fut pas de même dans la chambre des lords, qui, usant exceptionnellement de son droit constitutionnel, n’adhéra point à la suppression du droit sur le papier. Ce refus dans toute autre circonstance eût pu amener un conflit entre les deux chambres ; mais sur ces entrefaites, la guerre ayant été résolue contre la Chine, un supplément de crédit de 3,500,000 liv. st. dut être demandé pour faire face aux frais de l’expédition, et à cette dépense furent affectés le million du droit si heureusement conservé sur le papier et un autre million espéré d’une surtaxe spéciale sur les spiritueux ; le surplus serait couvert par des moyens de trésorerie.