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publique rentrer dans ce système d’épargne intelligente et bien entendue pratiqué dans le gouvernement de l’Angleterre depuis l’administration du duc de Wellington jusqu’à la guerre de Crimée, il était indubitable que ce but ne serait pas atteint aussi longtemps que l’income-tax, au lieu d’être réservé pour les circonstances exceptionnelles, serait maintenu pour servir à l’acquittement des dépenses journalières du pays. Néanmoins, ajoutait le ministre, trop d’engagemens pesaient encore sur l’état pour qu’on pût déterminer l’époque à laquelle cet impôt serait rayé du budget ; mais en persistant dans la voie d’une sage économie il deviendrait possible de le réduire graduellement, et même d’arriver un jour à le supprimer.

Cette dernière perspective ne se réalisera probablement pas de si tôt. Cependant dès l’année suivante une réduction fut possible. En effet, les dépenses de 1864 ne s’élevèrent qu’à 66,279,000 liv. sterl., restant ainsi inférieures de 611,000 liv. au chiffre des allocations, et cette épargne porta principalement sur les chapitres de l’armée et de la marine. D’autre part, les recettes montèrent à 69,434,000 liv., donnèrent un excédant inespéré de 2,334,000 liv., et l’exercice fut clos avec une ressource disponible de 3,185,000 liv., qui furent affectées à une diminution de la dette publique. Rien ne laissait supposer que la situation de 1865 ne pût être aussi avantageuse, et en conséquence M. Gladstone, prenant pour base du nouvel exercice les résultats de 1864, évalua ses besoins à 66,147,000 liv. sterl. et son revenu à 70,170,000 liv. Ce dernier offrait donc un excédant de 4,023,000 liv., que le ministre proposa de mettre à profit pour abaisser, à partir du 1er juillet, l’income-tax de 6 à 4 deniers, le droit sur le thé de 1 shilling à 6 deniers, et celui sur les polices d’assurance dans des proportions également importantes. Appliquée à l’année entière, la réduction eût été de 5,420,000 liv. sterl. ; limitée à neuf mois, elle ne devait être que de 3,778,000 liv., et les recettes se trouvaient ainsi ramenées à 66,400,000 liv. sterl.

Parlement et pays accueillirent avec acclamation le projet ministériel. Toutefois il fallut, dans le courant de l’année, envoyer des troupes dans la Nouvelle-Zélande, où une rébellion venait encore d’éclater, et les dépenses de l’exercice dépassèrent de 200,000 liv. sterl. le chiffre présumé. Ce résultat fut largement compensé par un accroissement de 1,420,000 liv. st. sur le revenu, et comme au mois d’avril 1866 l’expédition de Zélande était terminée, que pas plus qu’en 1865 un ralentissement dans la marche ascendante des produits n’était présumable, M. Gladstone crut pouvoir évaluer les dépenses de l’année courante à 66,225,000 liv. st., et les recettes à 67,575,000 liv. st. La différence en faveur de ces dernières