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il ajouta que, si le droit du gouvernement et des membres devant lesquels il parlait était de régler surtout le présent, leur devoir était aussi de porter les regards sur l’avenir, et de prendre les mesures propres à en alléger les charges. Aussi avait-il l’espoir que les générations appelées à diriger plus tard les affaires publiques leur rendraient la justice de reconnaître que, dans les dispositions qu’ils avaient prises, ils avaient quelque peu songé à elles, et s’étaient comportés de façon à ne mériter ni leurs reproches ni leur blâme.

Mais bientôt survinrent deux événemens qui obligèrent de renoncer pour 1866 à tout projet de réduction de la dette. Ces événemens furent, d’abord une crise monétaire des plus graves qui, en faisant affluer aux caisses d’épargne les demandes de remboursement, ne permit pas de donner suite à la combinaison de M. Gladstone, puis la bataille de Sadowa, qui, en démontrant la supériorité des armes à aiguille prussiennes, mit l’Angleterre, aussi bien que les autres puissances de l’Europe, dans la nécessité d’adapter leurs fusils au nouveau système. Des supplémens de crédit furent votés à cet effet par le parlement au mois d’août, et les allocations de 1867 furent portées de 66,225,000 liv. st., chiffre d’abord proposé, à 67,080,000 liv. Nous avons vu que 780,000 liv. sterl. restaient libres sur le budget primitif. Au lieu d’en détacher 420,000 liv. st. pour l’opération de conversion, le tout fut appliqué aux nouvelles dépenses, et le budget se trouva ainsi voté à peu près en équilibre. Ce ne fut pas M. Gladstone qui eut à proposer ces derniers arrangemens. Depuis un mois déjà, le cabinet dont il faisait partie avait dû se retirer à la suite d’un vote par lequel la chambre des communes avait complètement modifié le système de réforme électorale présenté par le gouvernement. Un nouveau ministère avait été constitué, ayant pour chef lord Derby et pour chancelier de l’échiquier M. Disraeli ; mais, avant de voir quel fut le sort du budget de 1866, établissons les résultats de l’administration financière de M. Gladstone.

Ce ministre avait trouvé les dépenses de 1859 au chiffre de 69,500,000 liv. st., et il laissait celles de 1865 au chiffre de 66,400,000 liv., soit avec une diminution de 3,100,000 liv. Pourtant la différence n’était en réalité que de 2 millions de liv., parce qu’en 1860 2,150,000 liv. d’annuités arrivées à leur terme avaient été rayées du budget, et qu’il y avait été inscrit depuis 1862 une somme annuelle de 800,000 à 900,000 liv. environ pour frais d’entretien de l’armée des Indes, frais que compensait aux recettes même somme versée par le gouvernement de cette colonie. Les 2 millions de liv. st. ainsi économisés se partageaient par moitié entre le service de la dette, dont le capital dans ces six années avait été réduit de 22 millions de liv., et ceux de la guerre et de la