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L'ACCLIMATATION
DES
RACES HUMAINES

I. The races of man, par le docteur Knox. — II. Du non-cosmopolitisme des races humaines, par le docteur Boudin.

Dans des études précédentes, nous avons montré que l’espèce humaine, partie d’un centre de création unique, très probablement situé dans l’Asie centrale, avait dû nécessairement peupler le globe par voie de migration[1]. L’histoire des Polynésiens a largement répondu à ce qu’on avait dit de l’impossibilité de ces migrations[2]. La plupart des polygénistes ont soulevé un autre ordre d’objections. Ils ont prétendu que les divers groupes humains ne sauraient prospérer ou même vivre que dans le milieu où ils sont nés. Le docteur Knox, toujours logique et acceptant dans ce qu’elles ont de plus extrême les conséquences de sa doctrine, est allé jusqu’à soutenir que le Hollandais ne peut se propager pendant quelques générations dans le pays de Galles, non plus que le Français en Corse ou sur les bords du Danube. A plus forte raison déclare-t-il impossible toute colonisation lointaine, et à qui lui oppose l’accroissement numérique des populations d’origine européenne en Amérique, en Asie, en Australie, il répond qu’il n’y a là qu’une illusion. Sans l’arrivée incessante de nouveaux colons, assure-t-il, ces colonies n’existeraient plus. Elles ne sauraient d’ailleurs éviter leur sort, et le jour viendra où l’Europe, renonçant à une œuvre impossible, cessera d’envoyer

  1. Voyez la série sur l’Unité de l’espèce humaine dans la Revue du 15 décembre 1860 au 15 avril 1861 inclusivement.
  2. Les Polynésiens et leurs migrations dans la Revue des 1er et 15 février 1864.