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un sifflet de marin, une trompe ou des signaux convenus d’avance, par exemple au moyen de drapeaux de diverses couleurs, encore mieux avec un fil télégraphique, on arrive à se faire bien comprendre des hommes restés à terre, et à obtenir une assez grande harmonie dans les détails de l’opération ; mais ce qu’on ne peut empêcher, c’est l’action des courans atmosphériques contre la frêle enveloppe qui vous porte, et la déperdition de plus en plus grande du gaz, si le ballon doit rester plusieurs jours de suite en observation. Dans ce dernier cas, il est même indispensable de restituer chaque matin à celui-ci une quantité de gaz équivalente à celle qu’il a perdue dans les vingt-quatre heures précédentes.

La difficulté de se procurer partout le gaz d’éclairage nécessaire aux ascensions militaires a donné l’idée de recourir à l’emploi de l’hydrogène pur, comme le faisaient les premiers aérostiers, et alors de se faire suivre des appareils destinés à la fabrication de ce gaz. Le procédé de fabrication est assez coûteux, mais les appareils ne sont pas d’une installation difficile. En faisant agir dans des tonneaux de l’acide sulfurique étendu d’eau sur du zinc métallique, ou bien encore en faisant passer un courant de vapeur d’eau sur du fer en barre chauffé au rouge dans un tube de porcelaine, on produit de l’hydrogène à volonté. Au voisinage des villes, il ne sera pas généralement nécessaire d’avoir recours pour le gonflement à la fabrication de ce gaz ; mais on peut faire usage, au lieu du gaz d’éclairage libre, qu’on ne trouve pas toujours en quantité et sous une pression suffisante, même à certains points de Paris, de celui dit portatif, que l’on soumettra, dans des tonneaux en tôle de fer de forme analogue à celle des chaudières à vapeur, à une pression de plusieurs atmosphères, vingt par exemple. Or on peut condenser dans un espace de 5 mètres cubes, qui est celui d’une chaudière à vapeur de dimensions moyennes, et à la pression de vingt atmosphères, un volume de gaz qui auparavant, à la pression ordinaire de l’air, occupait 100 mètres cubes. Dix de ces chaudières suffisent donc pour remplir un ballon de 1,000 mètres cubes, et il n’est pas besoin de dépasser ce chiffre pour des ascensions militaires qui n’exigent qu’un aéronaute et pour ainsi dire pas de lest. L’emploi de ces réservoirs portatifs offre fie plus l’avantage de pouvoir retirer le gaz du ballon après chaque ascension et de l’emmagasiner jusqu’à nouvel usage.

Il est en effet nécessaire que les ascensions captives soient en quelque sorte instantanées et d’une durée très courte. Quel but se propose-t-on d’atteindre dans ces observations ? Surprendre pour ainsi dire l’ennemi, découvrir une de ses marches, un de ses travaux. A peine lui êtes-vous signalé que vos observations deviennent